Bonjour tout le monde,
Je suis un homme de 45 ans et je suis dépendant depuis plusieurs années au
tramadol. Cela fait plusieurs années que je lis le forum mais sans jamais y participer, mais j'ai franchi le pas et je me suis inscrit...et...me voilà!
Alors moi, je suis soignant et je travaille dans un domaine où j'ai accès à tous les
opiacés, benzo...de manière quasi illimités:Morphine,
fentanyl,
valium,
tramadol,
kétamine, rivotril...
Ma première rencontre avec le
tramadol s'est faite vers 2006, 2007 je ne saurais plus dire précisément. Un mal de tête un peu plus persistant que d'habitude, le
paracetamol pas très efficace, on cherche dans la pharmacie familiale et la je suis tombé sur une vieille plaquette de
tramadol 50 mg. 2 CP dans le gosier et c'était partis. Ah ce moment la je ne me doutais pas que ces 2 malheureux comprimés allaient m'entraîner dans cette longue spirale de plusieurs années.
Bref 40 minutes après la prise les premiers effets se sont fait ressentir: une sensation de bien être, d'evoluer dans un univers un peu cotonneux mais sans être déconnecter du monde qui m'entourait, c'était meme plutôt le contraire. Au début je ne consommait pas de manière régulière, juste de temps en temps...mais très rapidement c'est devenu une petite habitude qui s'est installé dans ma routine quotidienne. Cette premiere etape a été rapide mais surtout facile, étant soignant j'avais accès à cette molécule sans restriction.
La 2 ème phase:l'augmentation des doses et très rapidement je prenais 300 mg par prise et ça,3 ou 4 fois par jour (et ces doses la ce n'est que le début!)et franchement j'utilisais le
tramadol presque comme une substance dopante. Ca peut sembler paradoxal parce qu'on dit que cette molécule donne envie de dormir mais chez moi c'était le contraire ça inhibait la sensation désagréable qu'on ressent lorsqu'on est fatigué...donc grosse aide lors des gardes et des nuits de boulot...ça me boostait littéralement et ça me permettait de travailler plus.
Autre effet notable à cette époque ça me rendait plus ouvert aux autres ( pourtant je ne suis pas qqlqun de très timide et qui a du mal à parler aux autres) mais la je sais pas, j'étais toujours hyper intéressé et concerné par ce que me disait mon interlocuteur. J'ai longtemps travailler au bloc opératoire ou il y fait souvent très froid...et un des effet secondaire du
tramadol c'est la sensation de chaleur qui vous envahie tout le corps qui rends bcp plus simple la cohabitation avec le froid.
Il y avait aussi un autre effet"benefique"...le retard à l'éjaculation mais sans altérer l'érection.
Pendant plusieurs années j'ai ma petite routine avec le
tramadol qui m'accompagne sans que que ca me traumatise plus que ça...même si au fond de moi je me dis que c'est vraiment pas normal et surtout que au bout d'un moment je me rends compte que je suis non seulement dépendant " psychologiquement" mais aussi physiquement et la viennent les premieres expérience de
sevrage !!!et la c'est une autre affaire.
J'ai bien essayé d'arrêter plusieurs fois mais la douleur était juste insupportable: au bout de 24 heures sans rien prendre,des frissons, avoir chaud et froid en même temps. La peau bouillante mais l'intérieur des os glacé, des nausées, la diarrhée, être épuisé mais impossible de s'endormir...enfin bref le
sevrage quoi.
Alors forcément pour continuer à ressentir les effets j'ai augmenté les doses et tout ça sur un peu plus de 15 ans. Je suis arrivé à des doses titanesques!!!j'ai presque honte de le dire parce qu'à la fin j'étais à 900 mg par prise , 3 ou 4 fois par jour !!! Alors ça c'est pas fait d'un coup, sur plusieurs année je suis passé de 300 à 350 puis 400 mg et ainsi de suite.
Mais par contre à ce moment ce n'était plus du tout la même musique qu'au début, non seulement je ne ressentais plus les "bénéfices secondaires" mais en plus je développait des effets secondaires lié à la surconsommation de
tramadol: ça
coupe l'appétit, j'avais perdus 15 kg, j'avais d'énorme tremblement après chaque prise( pour un soignant qui doit piquer c'est pas top), je n'avais plus envie de rien, ça limitait mes interactions social. Je ne dormais pas bien, le
tramadol donne l'impression de dormir "éveillé " ça peut sembler byzarre mais la nuit j'avais juste l'impression juste de somnoler sans jamais avoir accès au sommeil profond donc je ne récupérait jamais. Tout ce qui m'entourait dans la vie n'avait plus aucune saveur, pour moi le monde était devenu noir et blanc et surtout et me semblait étrange à moi même. Du coup je n'avais plus aucune motivation pour rien, plus rien n'avait de saveur.
Alors bien sur question libido: bas zero libido justement et alors exit le côté " je tiens des heures " du début...je dirais même que c'est le contraire...
Donc tout ça ne pouvait plus durer et j'ai donc appeller un jour le numéro du
CSAPA près de chez moi mais j'ai été très surpris parce qu'après avoir exposé mon cas en lui expliquant que je cherchais de l'aide, le type au bout du fil m'a expliqué qu'il ne s'occupait pas de ce genre de cas, qu'il s'occupait des personnes qui prenait de l'
héroïne !!! Oui oui c'est vraiment ce qu'on m'a répondu au téléphone. J'ai donc tenté une consultation aux service d'addictologie de l'hôpital de ma ville et j'ai finalement eu une consultation 3 mois après mon appel!!! ( et je vis en région parisienne)
Le premier rendez vous s'est super bien passé, il m'a proposé un traitement de
substitution avec de la
buprenorphine.
Actuellement cela fait 2 ans que je suis sous 12mg par jour de
buprénorphine et tout va très bien . Cette dose me suffit pour ne pas ressentir les signes physiques de
sevrage mais sans que cela ne "shoote" non plus et surtout je n'ai plus tous les effets secondaires dues à la surconsommation de
tramadol. Il y a aussi une grosse libération sur le plan de la charge mental, finis le stress d'avoir la quantité nécessaire pour tenir le WE ou pdt les vacances..
Enfin voilà c'était une partie de mon histoire, c'était sans doute un peu long et décousue mais merci de m'avoir lu.
Dernière modification par meumeuh (18 octobre 2024 à 11:07)