Blogs » marycora » 

Un shoot d'enfer bien crade 



Ce qui faut savoir avant de lire ce chapitre où je rencontre enfin l'heroïne :
— L'histoire est authentique, c'est la mienne, j'ai juste changé les noms des personnages mais pas le nom des lieux, des villages, ni des établissements
— l'histoire se passe en 1985 (pas de tel portable, pas de prévention des risques, pas d'asso, rien...)
— On entendait pas parler du sida ou du peut-être d'un certain "cancer gay"  qui ne sévissait qu'aux USA
— L'héroïne à l'époque était quasiment de la même qualité sauf une dizaine de fois (en 7 ans) où je me suis faite avoir (od) j'ai toujours acheté en Espagne
— L'hygiène était ce qu'elle était...Plus que moyenne... Je bossais dans le médical donc j'ai essayé presque à chaque shoot d'avoir à minima une seringue neuve. Je vous accorde que Yefi a préparé un shoot vraiment crade ce soir là mais bon, l'envie a été la plus forte donc...(j'ai fait des trucs bien plus crades par la suite d'ailleurs peut -être le plus stupide que j'ai fait c'est quand je n'avais pas d'eau pour mon mélange j'ai pris tout simplement de l'eau dans mon vase d'expansion de ma voiture... ça semble dingue et pourtant...)
— Les seringues étaient délivrées dans les pharmacies espagnoles sans problème
— Je vous amène directement au chapitre 6 pour voir si vous adhérez à mon style d'écriture. J'ai déjà écrit 7 chapitres, dont 3 sont encore en correction.
— Bonne lecture !

[u]Petit résumé de ce qui s'est passé avant :
Rosy, 21 ans, travaille comme aide-soignante au centre thermal de Fontpédrouse. Ses journées se ressemblent, rythmées par les soins aux patients et la fatigue qui s’installe, alourdie par sa dépendance aux cachets et aux joints. Un soir, Cathy l’entraîne à Puigcerdà pour oublier la routine : elles sortent au Club 32, dansent, boivent, rient, jusqu’à ce que Rosy croise Nino, un Sicilien élégant et mystérieux, qui attire immédiatement son attention.

Entre eux, le lien se tisse vite : une balade autour du lac, des confidences sous les peupliers et des gestes timides qui trahissent une attirance réciproque. Rosy se laisse surprendre par ce sentiment qu’elle croyait impossible. Plus tard, elle le suit à son hôtel, dans une chambre chaleureuse où la tension se change en passion. Ils s’aiment avec une intensité qu’elle n’avait jamais connue, et au matin, la réalité la rattrape : Nino doit bientôt repartir en Sicile.

Rosy, bouleversée par la nuit magique qu’elle vient de vivre, comprend que Nino n’est qu’un homme de passage. Au petit matin, elle quitte sa chambre en silence, laissant derrière elle un mot griffonné. Dans la pluie battante, elle rentre seule, avec un vide immense. Les jours suivants, l’absence de Nino devient obsédante : la fatigue grandit, l’Ortenal lui manque, ses pensées tournent autour de ses manques. Elle se sent surveillée par ses collègues qui pensent qu’elle est malade.



Chapitre 6

Le couloir sent le café et le pain grillé. J’aide à la distribution des plateaux, j’ajuste un oreiller par ci, remplis un verre d’eau par-là, mais je n’ai pas vraiment ma tête à la tâche. J’ai déjà hâte que cette journée finisse. Le manque de sommeil accumulé ne m’aide pas non plus.

Chambre 214.
—    Bonjour Marco ! Bonjour M. Thomas, vous avez passé un bon week-end ?
—    Oui ! Merci ! me répond M. Thomas. Et vous, vous vous êtes bien reposé ?
—    Allons… Vous savez bien qu’à mon âge les Week end ne sont pas fait pour ça !
Marco me fait signe de la main. Je m’approche de son lit et me dit :
—    Je voulais vous remercie pour l’autre soir,
Je l’interromps aussitôt. Je m’assois sur sont lit et pose ma main sur la sienne.
—    Marco… Ne me remercie pas ! Remercie plutôt le ciel d’être encore là ! Tu m’as fait peur tu le sais ? Tu ne recommence jamais ça ? Tu me le promets ? Toute l’équipe est là pour toi, on est aux petits soins, tu verras ça va aller ! Et puis avec Julien tu vas marcher très bientôt c’est sûr et certain !
—    Oui, je sais… J’ai réussi à faire quelques pas avec lui samedi !
—    Tu vois ? On ne te raconte pas des histoires !
—    En parlant de Julien, on a parlé de vous hier… Il m’a demandé si je vous trouvais sympa !
Je suis surprise par cette remarque… Julien n’aurait quand même pas parlé de moi à un patient ? J’essaie de répondre avec humour pour désamorcer ce petit dérapage.
—    J’espère que tu lui as dit que j’étais au top ! Sacré Julien ! Allez j’ai encore plein de travail…
Je sors dans le couloir, Marco est dans de meilleures dispositions, je suis soulagée.

Je continue mon tour. Puis viens le ballet des toilettes. Julien est en congé cette semaine et son absence se remarque. En général, c’est lui que l’on appelle lorsqu’un patient un peu trop lourd nous donne du fil à retordre. Je n’ose pas déranger son remplaçant que je connais à peine. Marielle et moi faisons de notre mieux.

Dès que j’ai une minute à moi, mon esprit se fige sur la même pensée, où je pourrai bien trouver de l’Orténal… Dans la pharmacie ? Tous les produits sont comptés et les toxiques sont comptabilisés, difficile de faire main basse sur une boite de médicament dans ces conditions.

Et puis les jours se suivent et se ressemblent. Toujours la même routine, tout se répète encore et encore. J’arpente ce long couloir au moins cinquante fois par jours. Je chouchoute les résidents, leur donne de la force, moi qui suis de plus en plus amorphe, vidée de toute mon énergie. Je me demande si l’absence de prise d’amphétamines n’y ai pas pour quelque chose.

Vendredi ! Je me demande bien comment j’ai pu tenir toute cette semaine. C’est l’apothéose ! J’ai bien failli ne pas me réveiller à l’heure ce matin. Je n’ai qu’une seule idée qui tourne en boucle dans ma tête : tenir jusqu’à ce que je puisse avaler quelque chose. La journée s’étire, rythmée par mes allées et venues incessantes, épuisantes. Chaque sourire me coûte. Je pense de plus en plus à Nino. J’ai même failli téléphoner à son hôtel hier soir pour savoir s’il était déjà parti…

Je quitte enfin le centre. Les virages s’enchaînent, le moteur ronronne. La radio crache une vieille cassette de the cure.

Arrivée chez moi, Je décide de me changer rapidement et de partir à Puigcerda. Il n’est pas question que je reste ici à me morfondre. Je ferme les fenêtres de l’appartement il fait un froid de canard. Je regarde le chat sur le canapé.

—    Mon pauvre Général, t’es vraiment pas à la fête avec moi…

Je m’occupe de lui, Je prends une douche et m’habille rapidement. Aucune coquetterie ce soir, je vais à l’essentiel : Jeans, tee-shirt noir, baskets. Je mets mon blouson en cuir et prend une grosse écharpe de laine. Je sors.
La nuit est tombée rapidement, je monte dans la voiture, le moteur tousse puis démarre. Elle n’aime pas le froid… Je m’engage sur la route sinueuse, je reste concentrée et je laisse mes idées divaguer. Chaque kilomètre me rapproche un peu plus du souvenir de cette nuit incroyable avec Nino… J’arrive à Saillagouse… Mon cœur se serre. Dix minutes plus tard j’arrive à Puigcerda. Je me gare et me dirige vers le refuge.

J’entre et choisi un tabouret tout près du bar, près de l’entrée. Je commande une bière. J’espère que je vais voir Kiko rapidement. Le vacarme de la télé m’agresse littéralement.

Pas de chance, ce soir le refuge transmet le match de foot Espagne/Pays de Galles et les Espagnols sont à fond ! La bière coule à flot et ils hurlent à chaque action, ils sont surexcités !  Le barman me regarde, comme s’il voulait se dédouaner du bazar ambiant, désigne la tv et me dit :

—    Ganaremos* !
—    Si ! Claro* !

Satisfait, il repart vaquer à ses occupations sans lâcher l’écran des yeux.
Kiko apparait enfin, je lui fais un signe de la main pour qu’il m’attende. Je termine mon verre d’une traite et sort le rejoindre.

Il est adossé au mur extérieur. Kiko est un gars d’une trentaine d’année. Avec ses cheveux noirs en bataille et son petit air de ne pas y toucher, je le trouve attachant. Il est grand et Il dégage une assurance tranquille et m’inspire confiance. Il m’invite à marcher d’un mouvement de tête, pour rester discrets.

—    Holà ! Ça va ? Tu cherches quoi ?
—    Hola…Chocolate*… 
—    Si… Combien ?
—    Un grosso*
—    Ha… Si mais je l’ai pas sur moi… Viens ! dit-il dans un français approximatif.
Je comprends qu’il se promène qu’avec une ou deux barrettes de shit pas plus.
—    C’est loin ?
—    No… au lac…Tranquille ! No problème ! Me rassure Kiko comprenant mon hésitation.

Mes pas emboitent les siens, nous marchons vite. Je sens le froid à travers mon blouson, je resserre mon écharpe autour de mon cou. Lorsque nous arrivons au lac je ne peux m’empêcher de penser à Nino.

Kiko, pas très loquace jusque-là, m’indique une maison un peu délabrée envahie par la végétation qui fait tache au milieu des façades cossues et bien tenues du quartier huppé de Puigcerda. Un peu comme une dent cariée dans une bouche parfaite.

—    Viens !

Je continue à suivre mon instinct et à faire confiance à Kiko et bien que la situation ne soit pas très engageante, je m’exécute. Nous contournons la baraque et entrons par derrière.

Contrairement à mes attentes l’intérieur est très chaleureux. Nous entrons dans un grand salon entièrement couvert de parquet. Un poèle à bois dans lequel un feu crépite, réchauffe l’atmosphère. Autour de moi, les murs auraient besoin d’être rafraîchis, mais en y regardant de plus près, je constate que les habitants ont déjà pris les devants, esquissant çà et là quelques dessins abstraits directement sur la surface.

Kiko me demande de m’assoir et d’attendre. Il disparait quelques minutes. Il revient en compagnie d’une fille qui me sourie et s’assoie à côté de moi. Elle me regarde et me dit.
—    Moi, c’est « Yesi »
—    Salut Yesi, Moi c’est Rosy.
—    Ton prénom est joli ! Tu es la première Rosy que je rencontre !
—    Merci ! tu parles bien le français !
—    On l’apprend à l’école ici, tu sais, ...
—    On s’est déjà vu au Club 32 il me semble…
—    Oui c’est bien ce qu’il me semble aussi.

Yesi se tourne vers et échange quelques mots en espagnol, tout en ouvrant une petite boite en bois sur la table basse.   J’essaie de comprendre ce qui se trame. Quand Kiko se lève et crie à Yesi

—    No aqui Yesi !

Elle lui répond par un geste de la main comme pour balayer ses mots. Je comprends aussitôt quand elle sort une seringue de la boite. Kiko sort de la pièce et revient avec un morceau de shit plus gros qu’une savonnette. Il chauffe son couteau avant de couper des morceaux qu’il pèse ensuite avant de les emballer dans du papier aluminium.

Yefi prépare son matériel, imperturbable, comme si je n’existais pas. Je la regarde faire, hypnotisée.

Elle lève les yeux vers moi.

—    Tu veux essayer ? El caballo* ?

Kiko explose aussitôt, furieux.

—    No esta bien ? Yefi !

Soudain je m’entends dire

—    Je veux bien oui !

Kiko s’est tu, il bougonne dans son coin et continue de couper son shit.

Yefi tire sur le piston de la seringue pour tirer un peu d’eau puis pose la seringue. Elle sort une cuillère de la boite, l’essuie grossièrement avec son tee shirt. Elle casse le filtre d’une cigarette, le déchire et en retire un tout petit bout qu’elle pose dans la cuillère, au-dessus, elle défait la minuscule enveloppe blanche contenant l’héroïne et la fait glisser délicatement dedans. Elle y verse l’eau, la poudre d’un blanc immaculé , se dissout instantanément, elle retire enfin le mélange à travers le filtre dans la seringue. Et me regarde.

—    T’es sûre Rosy  ?
—    Oui !
Un peu que je suis d’accord ! J’ai tellement entendu de choses sur l’héroïne que je ne peux pas manquer l’occasion d’y gouter, histoire de me faire ma propre opinion. C’est l’occasion ou jamais ! Elle me tend la seringue.
—    Tu veux de l’aide ?
—    Je préfère oui, vas-y.
Je lui tend mon bras. Elle cale la seringue entre ses lèvres et me fait un garrot avec une ceinture puis tape un peu sur mes veines au-dessus de mon coude. Et me dit :
—    T’as de la chance ! T’as de bonnes veines ! Allez Rosy… N’oublie pas… respire tranquillement…  Bon voyage !

Elle a un sourire d’ange. Elle pique, retire légèrement le piston pour s’assurer d’être dans la veine, le mélange rougit puis elle appui, le liquide quitte la seringue…

Un flash explose dans ma tête et un goût d’éther envahie ma gorge. J’ai l’impression de suffoquer quelques secondes. Une lourdeur délicieuse et jouissive qui part de ma nuque, envahie mon corps entier et me scotche sur le canapé. Mes mains, mes pieds me picotent.

J’ai l’impression étrange que je vais m’évanouir, je me laisse aller. J’entends Yefi me parler mais sa voix parait si lointaine… Je ressens un bonheur indicible. Je ne sais plus où je suis. Je ne sais pas où je vais… J’ai chaud. Trop chaud. Je me sens incroyablement bien…

Je comate seule, sur un canapé, entourée d’inconnus, sans me poser de question, la tête vide de pensées. Je n’ai aucune notion du temps. Je pense que mes yeux sont ouverts, je ne sais plus.

Je tombe le masque, je dépose mon armure au pied de ce canapé, dans ce salon. Dans cette évidente vulnérabilité, paradoxalement, je suis détendue. Je lutte pour rester éveillé mais ma tête tombe lentement, mes yeux se ferment, Je sombre à nouveau.

Je sens des mains sur moi. J’entends vaguement des voix. Je n’ai pas envie de sortir de cette léthargie. Des fantômes me secouent…Puis leurs voix se font plus distinctes. Je fourni un effort énorme et parvient à peine à ouvrir les yeux. Je comprends…

Kiko et Yefi sont près de moi complétement flippés

—    Rosy ! Hey ! Ouvre les yeux ! Rosy ! crie-t-elle en me tapotant la joue.
—    He ! Chica ! Ajoute Kiko

J’arrive à ouvrir les yeux pour le plus grand soulagement de tous. Je remarque deux autres personnes assisent près de la table, un gars et une fille d’une vingtaine d’année à peine. Je croie qu’ils me sourient. J’ai hyper soif.

Yefi me donne à boire avant de me demander de me lever. Elle m’aide un peu et me propose de marcher un peu dehors pour m’aider à émerger. Je n’ai pas très envie mais elle insiste. Kiko me tend mon blouson. Yefi ajuste mon écharpe à mon cœur et se couvre à son tour, j’ai l’impression d’être un pantin. Je dois être dans un salle état.

Mes muscles, un peu tétanisés, se relâchent lentement et je parviens à marcher. Quelques mètres après la maison, un spasme violent me plie en deux, mon estomac tente de rejeter le poison, je vomis à m’en déchirer la gorge au milieu du chemin. Yefi est toujours près de moi, prévenante. 

—    Ça va aller mieux tu vas voir…

Mieux que ça ? Non, je ne pense pas que ce soit possible… Même en vomissant tripes et boyaux, je savoure l’étreinte étrange de cette chaleur qui me consume… l’extase que me procure ce shoot d’héroïne… Rien ne pourra plus jamais être comme avant.

Je reprends peu à peu conscience de ce qui m’entoure. Tout est magnifique. Un saule pleureur, qui étire ses ramures jusqu’à frôler la surface noire de l’eau du lac, offre un abri à quelques cygnes endormis que l’on devine à peine. Le bruissement léger des branches se mêle au clapotis discret de l’eau.

Je surprends Yefi en pleine contemplation, je réalise qu’elle ressent les mêmes sensations que moi. Je la trouve incroyablement belle. Nous sommes en arrêt sur image, au bord de l’eau, nos pieds quasiment enracinés dans la terre. Au bout d’un moment, elle me regarde.

—    C’est beau hein ? On rentre ? On va choper la crève si on reste là !
murmure Yefi en remontant son écharpe jusqu’à son menton.

J’acquiesce d’un geste de la tête, nous tournons les talons vers la maison.

A l’intérieur Kiko est affalé sur le canapé devant la télévision. Le match ! J’avais oublié… Le refuge… cela me paraît tellement loin ! Apparemment l’Espagne a fait match nul contre le pays de galles et il est dépité.

Je fais rapidement connaissance avec Lucia et Pablo : Elle travaille dans un pub de Puigcerda avec Yefi, lui dans un restaurant. Leur visage m’est familier, nous nous sommes également déjà croisés au club 32.

Lucia me raconte un peu son histoire. A 15 ans, elle s’est retrouvée à la rue pour des raisons sordides de parents défaillants. A l’époque, elle habitait Barcelone. Elle a rencontré Pablo de cinq ans son aîné et ils ne se sont plus quittés. A 20 ans, une fois son diplôme de technicien de service de restauration validé, ils ont posés leur valise chez Kiko.

Il a hérité de cette maison après le décès de ses parents. Du haut de ses 35 ans, Il est presque une référence paternelle pour cet équipage en perdition.

J’apprends qu’il traîne une hépatite depuis plusieurs mois et qu’il a arrêté les injections depuis quelques semaines maintenant.

Je me sens bien ici, tout le monde est tellement calme et bienveillant. Personne ne se juge. Ce soir, on ne parle pas fort, ni vite, on est spontané, totalement en osmose. On s’écoute. C’est reposant.

Kiko me donne le shit que je lui ai demandé en échange de quelques billets. Lucia me tend un joint qui tourne, je tire trois tafs et le passe à Pablo. La télévision est enfin éteinte et j’entends Bob Marley en fond sonore. C’est bizarre, moi qui n’aime pas trop le reggae, ce soir j’en écouterai des heures.
Je regarde ma montre et je n’en reviens pas… Il est pratiquement minuit ! J’ai passé trois heures ici !?

Je salue tout le monde avant de partir quand Yefi me propose de m’accompagner au Club 32. Lucia se prépare également pour aller bosser. Kiko est fatigué et part se coucher quant à Pablo il compte profiter de sa soirée de repos pour larver dans le canapé en attendant Lucia.

Après une marche qui m’a parue interminable, nous sommes enfin au Club 32, assises sur une banquette, un peu à l’écart, complètement stone, j’ai du mal à garder les yeux ouverts. Je trouve la musique juste extraordinaire. Yefi est dans le même état que moi et je la vois piquer du nez. On se comprend sans même se parler. Je suis tombée amoureuse de cette substance. Je ne veux plus jamais que ça s’arrête…

Les nausées me reprennent. N’étant pas sûre d’avoir le temps d’aller dehors je me presse pour aller aux toilettes. Je dois jouer des coudes pour aller plus vite. J’arrive enfin. Quand je vois mon reflet dans le miroir, je reste interloquée. Deux poches sombres creusent mon regard, mes pupilles ont presque disparu et mon teint blafard donne l’impression que mon sang a déserté mes veines. Je vomis encore…

« Santana Pa Ti » annonce la fermeture, les lumières se rallument et m’éblouissent. Je rejoins Yefi qui a encore piqué du nez, je la secoue un peu, elle se réveille. Nous attendons que le Club se vide un peu, puis nous sortons. Je ne sens toujours pas le froid, c’est vraiment dingue !

Je propose à Yefi de la raccompagner chez elle.

—    T’es sûre que tu peux conduire dans cet état ?
—    Je vais faire attention…
—    Tu sais que tu peux dormir chez Kiko si tu veux ? T’habites loin ?
—    Un peu, oui ! trente kilomètres.
—    Wow… Ça craint…Rosy…

Elle monte dans la voiture, je m’installe, et démarre tout doucement. Il me semble que mes reflexes sont assez bons pour poursuivre. Nous arrivons très vite au lac qui n’est même pas à un kilomètre.

—    Si demain je veux acheter un sachet, tu crois que tu peux m’aider ?
—    Demain je travaille à 21 heure, passe au moins une heure avant à la maison tu si veux !

Elle ajoute en descendant de la voiture.

—    Fais gaffe quand même avec ça Rosy…
—    T’inquiètes ! A demain Yefi !

Je reprends la route. L’asphalte luit sous les phares, le trajet me paraît sans fin.

Je me concentre sur la ligne blanche, mes pensées se brouillent, Un choc me réveille, la voiture heurte le parapet… J’agrippe le volant et redresse la trajectoire de justesse. Je réalise que j’ai dû m’endormir. J’ouvre la fenêtre. L’air s’engouffre, me gifle et me tient éveillé jusqu’à Fontpédrouse. J’arrive enfin.
Bon sang ! C’est pas passé loin

Catégorie : Tranche de vie - Hier à  22:09

#blanche #Espagne #héroïne



Commentaires
#1 Posté par : Opus incertum Aujourd'hui à  05:38
Ton récit est envoûtant.

Et quand un écrit est envoûtant j'ai une envie irrésistible de connaître la suite... (Je suis un boulimique de lectures quand j'ai le temps et l'énergie)

Proposition : peut-être mettre des espaces entre les dialogues.

En format "livre" la lecture serait plus facile (mais cela tu n'y peux rien)

Merci encore pour ton partage

Je file me préparer pour aller couper du bois (le silence, des arbres couchés par la tempête, l'odeur des essences bois dès que la chaîne déchiquete l'écoRce. Chaque essence d'arbre a son odeur, son grain, et son poids...

 
#2 Posté par : marycora Aujourd'hui à  07:56

a écrit

Ton récit est envoûtant.

Wow merci !

a écrit

Proposition : peut-être mettre des espaces entre les dialogues.

En format "livre" la lecture serait plus facile (mais cela tu n'y peux rien)

Oui effectivement lorsque j'ai balancé mon texte tout est parti en live -; En plus, il n'est pas corrigé y'a encore des fautes...

Merci pour ton retour !


Remonter

Pied de page des forums