L’addiction, qu’est-ce à dire?

Catégorie : Opinion
10 avril 2020 à  11:34

#Freud #Histoire #Judaïsme #Psychanalyse #Toxicomanie
Définitions et réflexions. Commençons par la langue, sans laquelle nous ne pouvons décrire, écrire, et dire, a dicere.

Un extrait d’un résumé sur la psychanalyse et l’addiction trouvé sur internet :

FREUD s'attache plutôt à rechercher l'origine de la dépendance humaine qu'il situe aux tous premiers stades de la vie psychique, avec la notion d'"Hilflosigkeit". C'est la condition initiale, du nourrisson qu'il appelle addiction.

État de d'être sans aide.
Hilf : aide, los : sans, ‘ig’ marque de l’adjectif, ‘keit’ le fait nominatif, l’allemand fabrique un nom d’un verbe puis d’un adjectif, et même d’une phrase entière, on pourrait inventer ‘mitmanbrotessenwollenkönnenmüssenkeit’ avec le fait (keit) devoir (müssen) avec l’autre (mitman) pain (brot) vouloir (wollen) manger (essen) pouvoir (können) le fait de partager son pain avec quelqu’un, de devoir le pouvoir, un concept. Génial langage permettant d’inventer des concepts englobant, hyper précis, et hyper clairs.

Comme l’hébreu pour la Bible et le grec pour la philosophie (anciens les deux) sont les plus immédiats accès à la compréhension des textes concernés, ne perdez pas de vue le latin pour votre propre compréhension de vos dires, votre lecture, quel perte de temps que d’apprendre l’hébreu après 40 de lecture traduite!
Je ne parle pas hébreu, pourtant si vous me demandez de vous dire ce que j’ai étudié de la genèse et de la Torah je parlerai d’une lettre, la première de la Bible, et j’y mettrais tout le livre, et même d’une autre lettre qui n’est même pas écrite (le daguesh du beit/veit de bereshit, ce qui fait que le point de départ est celui-ci, si vous n’avez rien compris, c’est normal, à moins que vous soyez rabbin, juif pensant, ou comme moi, fou).

Cela signifie que tout est dans l'à venir...

Autant si on le veut bien, s’attarder à ne pas perdre le temps du sens, et la mesure des choses, en se familiarisant avec la façon de pensée, qui est contenue, aux sens multiples du mot, (de la lettre même) dans la langue, et chaque caractère de la Torah donne lieu à deux mille ans de réflexions, la structure de l’hébreu, avec ses racines, et sa lecture enseigne plus que le texte traduit et commenté sans passer par la langue, en osant même voir des jeux de mots, qui ne pourraient être en hébreu, et faire de nombreux contre sens, déjà qu’en VO c’est courant…

L’allemand est une langue bien faite, pour la pensée. Et, logique, en plus elle est respectueuse, de l’affirmation de l’autre, obligeant en plaçant le verbe à la fin d’une préposition secondaire, à attendre, la fin de la phrase, à écouter.
Langue pour créer des concepts et des outils conceptuels, langue à la structure presque parfaite.
Sans limite. Mais ennuyeuse, pas imagée.

Alors que le Français s’attend à être coupé et place son ‘à dire’ en premier, sans même avoir de plan B au cas où il devrait, n’étant pas coupé, aller au bout d’une pensée, qu’il n’a pas jugé indispensable de finir.
La parole passe à un autre qui poursuit.
L’Allemand veut finir, l’Anglais dit comment, le Français reste en suspend, l’hébreu (ou Hébreu mais c’est anachronique), pense en accompli pour de bon, et en inaccompli, ce qui est et sera. Comment comprendre ce qui est dit dans ces langues sans avoir conscience de ces différences? En allemand donc, on peut faire un mot de la dernière phrase comme la possibilité de faire des mots additionnés en une suite de verbes et de noms ne constituant plus qu’un mot concept, je vous l’épargne par flemme, et aussi mauvais niveau d’allemand.

Toutefois pour aborder la connaissance, surtout quand on parle de concepts, de philosophie, de sens, l’allemand est l’outil le meilleur, lui même source de science, en tout cas, la psychanalyse ne serait être française, elle en devient lacanienne.
Américaine elle devient comportementaliste, l’anglais langue d’action, n’est pas une langue conceptuelle, mais si elle a les compétences innovantes, qui font la vie d’une langue et son succès, est une langue meuble, utilitaire, du know-how, de l’outil.

Le français, langage de l’à peu près et de la sensation.

Suite de l’extrait sur Freud et l’addiction :
on cite Sigmund :
Addiction « [...]état de déréliction et de détresse extrême du nouveau-né radicalement dépendant fonde pour lui la condition humaine. Avec l'apparition du recours à la masturbation, vient s'ancrer dans le psychisme la première addiction : "J'en suis venu à croire que la masturbation était la seule grande habitude, le besoin primitif, et que les autres appétits tels que les besoins d'alcool, de morphine, de tabac, n'en sont que les substituts, les produits de remplacement"4. On retrouve cette vision de l'addiction comme substitut érotique dans "L'étiologie sexuelle des névroses" (1898), où FREUD engage le thérapeute à se préoccuper de "la source d'où coule le besoin impératif de drogue".

Or il y a du subjectif et de l’inconscient du ‘’dire’,  dans l’acte.
Se shooter, dans notre culture c’est exprimer l’inexprimable.
La violence, comme un porc-épic, plein de fléchettes.
Dans une famille, une vie, ces:maux qui ne sont pas dit, seront ‘pour le bouc émissaire’ sado-maso, si on veut,  bourreau de soi.
Pour attirer l’attention par un acte fort, et un symbole, totem, la croix, qui a lui seul vaut force contre le mal, celui qui est en nous, et celui qui est expié pour nous par le bouc ‘hakipourim leazazel’ (des expiations, pour azazel), (pharmakos) le tiré au sort pour porter au dehors les fautes de l’année hébraïque.
Une fois l’an le cohen, prêtre, appose ses mains et cite tous les aveux de péchés, au grand jour, afin que le bouc, choisit à pile ou face parmi deux bêtes, sans tache, les porte au désert à Azazel (lieu ou non lieu, être on ne le sait pas par le texte, en hébreu moderne c’est ‘merde’, cela pourrait être, puisque c’est dans le désert, un Jabba gouffre!
C’est un endroit, ou un être qui, ou vers qui on amène le pharmakos, le bouc choisi, et dont il ne revient pas.
On a fait disparaître le mal, hors la cité, au-delà du visible, au coeur de l’inconnu du néant.

Ce jour où l’on expie, c’est aussi le jour ou le nom de dieu, interdit, était dit. Totem et tabou! Pendant qu’on engouffre ses fautes, on sonne les trompettes et appelle Yavé!
Difficile d’analyser ce sujet sans le relier à ses deux éléments de la psychanalyse, allemande comme l’héroïne et la cocaïne, et le Judaïsme par son imprégnation, culturelle.

Ce rituel a donné pharmakos en grec, ils, les citoyens, lapidaient des marginaux, par contre, c’est ce qui enlève les maux de la cité, qu’on fait porter à des marginaux. Tout cela donne l’étymologie de remède, le pharmakon. Extraxtion du mal par un conducteur. Un hébreu conduisait le bouc, lui même portant les péchés de l’an sur le bandeau de son front, par la confession du prêtre apposée, en laissant choisir le sort,  chargée, la bête, innocente,  est abandonnée, là où elle est conduite, lé (à) Azazel. On peut recommencer c’est la nouvelle année, le pardon des péchés.

Chez les grecs le mot qui traduit le rituel de Kippour, celui du pardon et du bouc d’Azazel, use de rituels, actes et paroles, consacrées étant l’essence d’une société civilisée, consciente d’elle même. La ‘profanation’ de la vie, rend le fait violent incongru, la mort est un ‘si’ accidentel, et la vie n’a  plus de sens.
En 1977 la vie est violente, les comportements autant.

Incarner le nihilisme c’est ce que fait le punk, en miroir, dénonçant l’arnaque peace and love qui laisse sur le côté les pauvres, noirs, drogués, pédés, junki ou cette figure, épouvantail, de cet acte presque christique, avec ses stigmates, le sang et la souffrance narcissique. Quand Jésus souffre, ce n’est pas pour lui mais pour l’humanité en son entier, avec tous ces péchés!

La symbolique, de la seringue, de la transgression et du ‘vice’ masturbatoire, jouisseur honteux.

Mais n’oublions pas, ce qui fut pensé, avant que le moindre infirmier, puisse penser, et effectivement, savoir l’essentiel, en m’en apprendre sur le sujet, grâce aux concepts simples et concrètement observables en action. De l’addictologie appliquée.
Le craving dure en général 20 minutes, je l’avais remarqué, mais c’est maintenant scientifiquement prouvé, médicalement validé. Ca me fait une belle jambe.

Comme les autres choses, dont je parle et dont on se moque et qui feront leur chemin, jusqu’à qu’on découvre, quel cube entre, dans quel cylindre.
Je n’ai, depuis l’objectivation, objectivation, même, du sujet/objet de la personne en prise avec un phénomène addictif, plus de parole absolue.

Ce que je dis ressentir, peut être invalidé par ce que les ‘études montrent’! Le monde à l’envers, sa mère!
-vous ne pouvez pas ressentir cela’ ai-je entendu, car ce n’est pas normal.
Nor ein mal : NORMAL?

Rendre la toxicomanie normale, comme le diabète.
La toxicomanie n’est pas hors-sol.
La dépendance est le sort de l’humanité, esclave de ses besoins.

À suivre...



Commentaires
Salut !

Ismael77, t’es né en 1977 ?

Sujet intéressant, merci pour ce billet, l’étymologie en dit long sur notre condition. 

L’humanité est dépendante par nature, c’est un fait. Nourrisson un jour, nourrisson toujours.

« Addiction » — du latin « ad-dicere » , qui a « à dire », qui, ne pouvant payer ses dettes, devient esclave.

Si tu me permets, quelques petits désaccords.

Je bavasse couramment l’anglais, un peu le grec moderne et l’espagnol, pas du tout l’allemand. Mais un ami « professeur-paysan » parlant six langues parfaitement (si, si, ça existe) m’avait à l’époque expliqué qu’au contraire, avec l’allemand, le sens se trouvait en début de phrase, d’où son côté immédiat et pratique à la philosophie de l’Idéalisme allemand, sans parler des néologismes. Le verbe ne suffit pas à donner un sens à la phrase. D’où aussi, d’après lui, l’impatience des Allemands quand on leur parle une langue latine où souvent, le sens de la phrase se trouve à la fin. Mais je ne cause pas du tout allemand et j’ai toujours recraché cette affirmation tel un perroquet sans jamais vérifier ces dires. Corrige-moi si je me trompe.

En grec moderne (comme en grec ancien), « pharmakon » signifie à la fois le poison et le remède : l’engrais chimique pour les oliviers, le venin de serpent, le petit « tsipouro » qui soi-disant te protège des virus, etc. En français, nous avons deux mots pour le même concept et je crois ça nocif. Exemple : le « Roundup », qui n’est pas nuisible en soi, seules les quantités utilisées sont toxiques. J’ai vu de grands agités de l’écologie en appliquer parcimonieusement au petit pinceau sur la tige de mauvaises herbes. Autre exemple : l’héroïne.

Tout est poison, la vie en premier, seul le dosage importe.

Mais pardon, je m’égare...

Concernant le français, tu le qualifies de « langage de l’à peu près », c’est un peu exagéré, surtout comparé à l’anglais. L’anglais est la langue imprécise par excellence. Ce qu’elle gagne en concision, elle le perd en précision. Exemple parmi tant d’autres : « power » signifie à la fois « pouvoir » et « puissance », deux concepts pourtant différents — le premier est acquis, le second est inné.

En revanche, « addiction » est un contre-exemple. Je me suis jadis insurgé contre le terme. Pourquoi un anglicisme quand nous avons « dépendance » en français ? Comme un mouton, j’ai toujours suivi la vision de William Burroughs, qui décrit l’addiction à l’héroïne comme « a matter of exposure » . C’est-à-dire, n’importe qui devient « addict » s’il utilise un opiacé assez longtemps.

Et puis, j’ai réfléchi et changé d’avis — énorme différence entre « dépendance » et « addiction ». Imaginons que l’on enferme une personne cobaye et qu’on lui injecte de la diamorphine quatre fois par jour pendant, disons trois mois. Ce cobaye sortira dépendant physiquement, mais pas forcément addict. Après un sevrage, rien ne dit qu’il reviendra à l’héro. Comme un patient sous morphine à l’hôpital, en somme. À la différence de « dépendance », le terme « addiction » renferme bien d’autres symptômes psychologiques (compulsion, obsession, etc.) Mais pardon, j’enfonce des portes grandes ouvertes.

Toxicomanie et diabète me semblent différents. Dans tous les centres que j’ai écumés, en France et à l’étranger, j’en ai soupé de l’analogie méthadone/insuline ! N’en déplaise à certains addictologues américains, je ne pense pas l’addiction comme « maladie » au sens premier du terme. L’addiction est pour moi, avant tout, un panel de symptômes « psychiatriques » au sens étymologique du terme, une « maladie de l’âme » avant d’être une maladie du corps. Une fois « la maladie » installée, oui, nous avons bien à faire à des symptômes physiologiques et un chamboulement neuronal. Mais la cause première n’est pas uniquement physique et ne se guérit pas seulement à l’aide de médicaments. Ni méthadone ni buprénorphine sur le long terme ne m’ont guéri de mon « addiction ».

Après, est-ce la rencontre d’un produit et d’un usager prédisposé, biologiquement différent de ses pairs, qui déclenche un syndrome latent ? Je sais pas. 

Tiens, j’ai reçu ce bouquin la semaine dernière, réflexion d’un neuroscientifique ex-toxico sur le sujet. Je l’ai toujours pas ouvert et ne sais pas du tout ce que ça vaut — je te tiens au courant :

https://www.amazon.fr/Biology-Desire-Wh … 1610397126

En tout cas, je suis d’accord de ne pas être d’accord et te remercie pour ce texte qui donne matière à penser.

Désolé du pavé. Sous speeball, j’ai tendance à beaucoup écrire pour ne rien dire.

Να 'σαι καλά !


#2
ismael77
Adhérent PsychoACTIF
11 avril 2020 à  11:59

Anonyme813 a écrit

néologismes. Le verbe ne suffit pas à donner un sens à la phrase.

Le verbe est à la fin dans l'allemand, quand il y a une préposition subordonnée, on est donc obligé d'attendre la fin de la phrase. On s'écoute, jusqu'au bout, tandis qu'en français, l'habitude de se couper et de la discussion contradictoire à bâtons rompus, nous a formaté à ne pas finir nos développement, et c'est dans l'échange qu'on a la discussion, plutôt que dans l'alternance, germanique, polie et respectueuse, mais aussi, froide, de points de vue.

Pour les néologismes, la fabrication de noms en 'légo' c'est une langue formidable, qui, à mon avis, à fait beaucoup pour l'expression scientifique, et biensur, philosophique.

Anonyme813 a écrit

st-ce la rencontre d’un produit et d’un usager prédisposé, biologiquement différent de ses pairs, qui déclenche

L'addiction n'est pas seulement dans la substance même addictive, que l'on peut consommer en récréatif, sans addiction (enfin certains non prédisposés, socialement autant que génétiquement, épigénétiquement (expression d'un gène ou non, et modification par le milieu.
L'eau, n'est pas addictive mais a son addiction.

Manger peut en être une, comme ne pas manger. Anorexie, classée dans les addictions.
Il s'agit de la relation à un comportement, qui devient une addiction, pathologique, quand celui-ci a des conséquences plus néfastes que les bénéfices, attendus, ou perdus, ou jamais eu. Et qu'on ne peut s'en défaire, seul ou pas, sans aide ou action.
Pour certains, c'est 10 joints par jour, d'autres avec une murge par semaine le vivent mal. Donc ce n'est pas non plus qu'une question de quantité ni même d'excès, même si cela en fait partie, mais de son rapport à un comportement.
Par exemple on peut avoir une grosse libido, et avoir beaucoup des partenaires, être assoiffé de rencontres et de sexe, sans que ce soit un problème. Et en cédant à une pulsion, en désaccord avec soi, même peu, peut rendre un vécu douloureux. 

Anonyme813 a écrit

 maladie de l’âme » avant d’être une maladie du corps.

Le psychologique est physiologique, du moins chimique, préssenti, on sait aujourd'hui qu'il y a le circuit (chimique et donc physique, matériel et observé) de la récompense. Vu cliniquement, et théorisé à partir des sciences, neurologiques.

Anonyme813 a écrit

C’est-à-dire, n’importe qui devient « addict » s’il utilise un opiacé assez longtemps.

Addict oui et non, dépendant, accoutumé. Par exemple mon TSO n'est pas une addiction puisque je suis en accord avec la prise, et ne souffre pas de cette dépendance, en tout cas, pas comme d'une addiction à la cocaïne, ou au sucre, ou quoi que ce soit. C'est différent pour chaque cas, puisque chaque personne établit une relation, avec le comportement, naturel, d'addiction, auquel nous sommes confronté dans notre besoin de manger, boire, et vivre en société. On peut aussi être un ours, tant qu'on en souffre pas ce n'est pas pathologique.

Anonyme813 a écrit

Ce cobaye sortira dépendant physiquement, mais pas forcément addict.

comme tu dis!

Anonyme813 a écrit

pour ne rien dire.

Non au contraire, merci, tu dis beaucoup!

Anonyme813 a écrit

« pharmakon » signifie à la fois le poison et le remède 

J'ai écrit un billet sur le sujet, de ce concept, qui vient d'un rituel hébreux, le jour du Yom Kippour, on charge un bouc, des péchés, de Jérusalem, avant d'aller perdre l'animal, qui n'est pas vil, mais propre à transporter le mal, au delà de la cité


#3
ismael77
Adhérent PsychoACTIF
11 avril 2020 à  12:01
Tu peux retrouver cet article dans la liste de mes billets de blog. Avec un dessin d'animal plein de fléchettes...

Merci pour ta lecture et intervention, éclairée et éclairante.


Bonjour, le problème est qu'il y a des définitions "officielles", notamment celles de l'OMS, qui rendent le sujet particulièrement obscur.

https://www.who.int/substance_abuse/ter … ition1/fr/

Pour l'OMS le terme dépendance doit etre utilisé de préférence à addiction mais a le même sens.
Mais l'OMS reconnait qu'il existe aussi une "dépendance physique" qui n'est pas la même chose. Donc tout ça est confus.

Personnellement (mais je crois que beaucoup de personnes sont d'accord avec ça), la dépendance est "simplement" sa signification dans le langage courant, c'est à dire un objet ou un produit dont la privation nous fait ou ferait souffrir.
Ce peut être la Morphine de celui qui est traité contre la douleur (dépendance physique) mais aussi dépendance à ses proches, à ses hobbies préférés, au vin du Jura (pour ceux qui connaissent), au cannabis  etc..
Nous avons beaucoup de dépendances, c'est normal dans nos sociétés occidentales. Evidemment la dépendance à des actions qui nuisent à autrui sont interdites par la Loi.

Incidemment la dépendance (l'attachement) est pour les bouddhistes la source de la souffrance et l'homme sage doit considérer l'impermanence de toutes choses et donc n'être pas attaché. Idem chez les stoiciens mais là c'est un débat philosophique qui pourrait nous tenir pendant des jours.

http://www.renaissance65.fr/limpermanence.html

nb= ce qui est attaqué par le bouddhisme est la dépendance ou l'attachement à ce qui sert son propre ego et non à l'existence propre de l'autre, pour laquelle nous désirons par compassion qu'elle soit la plus heureuse possible.

Par contre l'addiction, telle que je la définis, et qui est donc différente de la dépendance, est le fait de ne pas pouvoir se passer d'un usage malgré le désir de le faire. C'est donc différent de la dépendance où on n'a pas le désir d'arrêter l'usage.
C'est important car cela justifie l'intervention des soignants, à la demande de la personne. Alors que, contrairement à ce qui dit la justice, la consommation acceptée et choisie n'est pas une addiction et ne justifie pas, en général, l'appel aux soins.

Reste tout un "entre deux" où les effets secondaires de la consommation entrainent un désir intermittent d'arrêt et une souffrance mais qui ne débouche pas sur une démarche de demande de soins. Là le rôle du soignant est d'aider la personne à clarifier sa situation pour faire un choix éclairé.

Amicalement


Merci pour ces précisions.

Surtout que, Ismaël, tu me mets face à mes propres contradictions. En effet, je n’ai jamais avalé le dualisme platonicien, la dichotomie corps/esprit. J’ai toujours été un bon matérialiste convaincu du monisme et du « tout est un », notamment depuis l’avènement des neurosciences. J’ai même définitivement banni le terme « âme » de mon dictionnaire. Donc oui, comme tu le dis, le psychologique est au final physiologique. J’ai encore à repenser cette idée concernant l’addiction. Ou du moins, changer les termes, ce qui nous ramène à la discussion de départ :

« Addiction — Le fait de ne pas pouvoir se passer d’un usage malgré le désir de le faire. » Cette simple définition par Prescripteur me semble juste — je me permets de la chaparder...

Quant au bouddhisme pur et son « interdiction de toute boisson intoxicante », je le trouve un peu trop attaché au détachement. « L’indifférence » stoïcienne me convient mieux de par sa souplesse (quoique, l’abstinence est solution de facilité, bien plus facile que la tempérance), que je paraphraserais vulgairement ainsi :

« Les substances/usages sont des “indifférents”, seule ta consommation de ceux-ci importe. Tu prends/fais ce que tu veux. Une condition : ne pas devenir esclave. »

Ah, le stoïcisme ! une des seules philosophies qui a eu une réelle et concrète influence sur mon existence — un avant et un après —, en particulier sur ma consommation problématique de drogues, bien plus que la psychanalyse et la pharmacopée...

Bien sympa, ce blog.


Je pense donc que tu te réclames de  Zenon de Cittium (fondateur du Stoicisme) et pas Zenon d'Elée (le lièvre et la tortue) !
Amicalement


Merde, me voilà démasqué !

De Cittium, c’est bien ça, fondateur de l’école du Portique, rien que ça. 

Un Chypriote, quoi. wink


Bonjour, pour ceux qui seraient intéressés par la proximité bouddhisme / stoicisme

http://www.zen-occidental.net/articles1/rosi1.html

Mais c'est seulement pour les fans !
Je tiens quand même à signaler que ces philosophies s'adressent directement à la personne, qui est libre de faire ses choix, alors que certaines de nos religions et la "morale publique" qui en découle ont tendance à nier cette liberté et à contraindre l'autre. En somme morale individuelle contre morale collective.
Cela permet donc d'éclairer le combat pour la tolérance.

Amicalement


Zenon de cittium ou Zenon de spiral tribe (dixit ton avatar (terrible d'ailleurs, comme ts les logo de mark))

Discutipn intéressante, un peu de culture sur psycho, ça fait du bien

Merci


Prescripteur — Article pointu avec lequel je suis en accord. 

Bien qu’Alexandre et Pyrrhon aient certainement ramené un peu d’Asie dans leurs valises, que certaines similitudes entre Scepticisme/Stoïcisme et bouddhisme soient frappantes, j’ai toujours étais un peu « sceptique » concernant la « récente » récupération du bouddhisme par l’Occident, Occident qui en prend ce qui l’arrange et laisse le reste. Remarque, on pourrait imaginer se débarrasser de la cosmologie bouddhiste pour ne garder que sa partie pratique. Un bouddhisme séculier, en somme.

Mais pourquoi aller chercher l’exotisme en Asie quand nous avons sous la main les philosophies grecques antiques de la période hellénistique (Scepticisme/Épicurisme/Stoïcisme) qui sont en partie applicables de nos jours et selon moi bien plus adaptées à notre mode de pensée ?

Ah, ce maudit penchant pour l’orientalisme !

Marvin — « You might stop the party, but you can’t stop the future. » Ce fut une sacrée époque, hein ? Pas un jour ne passe sans que j’y repense et sois pris de frissons...

Bon, ben, je suis à poil maintenant, vous m’avez grillé complet.

Mais pardon, on est loin du sujet de départ. C’était quoi, déjà ?

Ah, oui, l’addiction — putain d’addiction !


Mais pardon, on est loin du sujet de départ. C’était quoi, déjà ?

Ah, oui, l’addiction — putain d’addiction !

Peut etre pas si loin en fait, car on a exploré l'attachement et comment s'en alléger. Amicalement


prescripteur a écrit

Peut etre pas si loin en fait, car on a exploré l'attachement et comment s'en alléger. Amicalement

C’est ça.

Et je le répète à tue-tête, le Stoïcisme est la « médecine » qui m’a le plus aidé dans mon « combat » contre l’addiction, bien plus que la psychanalyse et la pharmacopée.

Même le bouddhisme, en fait. Dans mes pires moments de sevrage, je me répétais le mantra : « Rien n’est permanent, pas même la souffrance. Tout ce qui a un début a une fin. Patience, ça va passer. »

Bien plus efficace qu’un Valium


Mais pourquoi aller chercher l’exotisme en Asie quand nous avons sous la main les philosophies grecques antiques de la période hellénistique (Scepticisme/Épicurisme/Stoïcisme) qui sont en partie applicables de nos jours et selon moi bien plus adaptées à notre mode de pensée ?

Pour moi le Stoïcisme c'est une manière cheap d'aborder la "dispassion", la non-identification aux sensations physiques positives ou négatives, à notre égo. Là ou le bouddhisme, ou plutôt sa version épurée de tout bullshit, la méditation et la pratique de la moralité, est une technologie scientifique, rigoureuse, et épurée, avec : un but, un manuel et des cartes pour atteindre ce but.

La pratique de la méditation vipassana 1h par jour est le truc le plus efficace qu'il m'ait été de tester pour le craving psychologique de dope. Parfois je vois des personnes sur ce forum avec des cravings qui durent pendant des mois, des années. Ils attendent, comme si il n'y avait que le temps pour diminuer ces envies. Non, il y a bien plus efficace, bien plus direct pour les combattre. C'est le développement de l'attention et l'observation sans jugement (abréactivité) dans le présent de tout ce qui surgit à la conscience. C'est la musculation de la zone de notre cerveau qui a été endommagée par l'addiction, le renforcement de notre zone du contrôle de nous même, la diminution de la réactivité de notre amygdale. Good shit. Le stoïcisme, c'est une pensée intéressante mais cheap, l'égo n'as pas été transcendé, on le remarque très bien dans les écrits de Sénèque. C'est une pensée, et pas une pratique qui transcende la pensée, c'est ça qui, a mon sens, fait toute la différence entre les philosophies intéressantes, et la pratique d'un exercice quotidien (la méditation).

C'est très bien les livres théoriques sur la nutrition, l'étirement, le sport. Ca aide. Mais a un moment, si on veut prendre de la masse, il faut faire des pompes. C'est la métaphore que ça m'évoque pour faire la différence entre philosophie et pratique spirituelle.


C’est un point de vue. Certains s’y retrouvent plus dans le bouddhisme.

Essaie de relire l’article de Prescripteur, c’est technique, mais il en dit long sur le « néo-bouddhisme ».

Le terme « stoïque » rentré dans la langue l’est, mais le stoïcisme n’est pas « dispassion » du tout, au contraire. Comme l’épicurisme, aujourd’hui transformé en goinfrerie, alors qu’Épicure recommande de l’eau et du pain. Dans le Stoïcisme, il ne s’agit pas d’éliminer les passions, mais de les choisir et ne garder que les bonnes.

Tu oublies l’Éthique en philosophie antique, toute la partie pratique. Par exemple, dans le Stoïcisme, t’as aussi un panel « d’exercices spirituels » à pratiquer tous les jours à des heures précises, je t’épargne la liste. Il s’agit d’hacker le cerveau et de changer son point de vue. Un travail musculaire à pratiquer chaque seconde de ton existence. Une méditation perpétuelle, en somme. Épictète parle justement d’entraînement d’athlète.

La psychologie cognitive comportementale est directement tirée de ça, ses fondateurs se réclament du Stoïcisme. Malgré sa mauvaise presse ces dernières années, les résultats sur la psyché sont aussi scientifiquement là.

Quant à Sénèque, c’est clair que tu prends pas le moins égocentrique. Mais perso, j’ai rien contre l’ego — voilà la différence fondamentale entre Orient et Occident. Et moi, je suis occidental, je dis « je ».

Après, je ne défends pas le stoïcisme contre le reste, j’ai aussi beaucoup de choses à redire. Et le bouddhisme possède aussi d’excellentes techniques pour « combattre » l’addiction. Mais moi, après avoir lu tous les Grecs et les Romains et un peu pratiqué, ça m’a vraiment aidé.

Camé que je suis en ce moment, faudrait que je m’y remette.

Car voilà le problème avec ces sagesses, qu’elles soient occidentales ou orientales, c’est leur confrontation avec notre modernité, très difficile de les pratiquer tous les jours et de s’y tenir. Comme faire des pompes. 

Je suis un peu trop défoncé, là. Mais demain, je relis ton message et essaie de mieux te répondre.


Rebonjour, Guy George. Sympa, le pseudo.

Désolé, c’est encore moi.

Bon, ben, en fait non. J’étais cuit hier soir, mais je pense avoir presque tout dit. Comme quoi.

En relisant mieux ton commentaire, qui est pertinent, sans égocentrisme de ma part, je trouve ma réponse pas si mal. Peut-être le ton un peu agressif et pas très stoïque.

Pas grand-chose à ajouter, juste quelques rectifications.

En parlant de « psychologie cognitive comportementale », qui a mauvaise presse en France malgré quelques résultats scientifiques, je voulais évidemment dire « thérapie cognitivo-comportementale » (CBT en anglais).

En parlant de « passions », je voulais dire « émotions », mais ce serait trop long à développer. 

Encore souligner qu’à la différence de la philosophie purement conceptuelle, les sagesses de la période hellénistique sont justement accès sur « l’Éthique », farcies d’exercices quotidiens, d’où leurs renaissances actuelles. Avant de dériver en délire, la philosophie était avant tout une pratique, une façon de vivre.

Si tu épures le bouddhisme de tout « bullshit » (toute la cosmologie/métaphysique, en fait), c’est de la méditation, plus du bouddhisme, d’où l’article de Prescripteur.

Mais oui, la méditation vipassana, j’en suis certain, peut vraiment aider contre l’addiction et les « cravings », surtout qu’apparemment ils ne durent qu’une petite demi-heure pour l’héroïne et cinq minutes pour les clopes. Perso, j’ai jamais pu car j’ai pas assez pratiqué et ne m’y connais pas plus que ça. 

Attention à la « destruction de l’ego » ou du « self », concept repris à outrance par les Californiens. Il faudrait alors changer notre langage et ne plus « parler en Je ». L’ego est, me semble-t-il, indispensable à la survie. Le Stoïcisme, étant occidental, critique aussi l’ego, mais me semble plus souple sur la question. Imagine un monde où tout le monde serait bouddhiste pur et dur (ou stoïcien), on se ferait grave chier, non ?

Mais je te rassure, un « néo-stoïcisme » est malheureusement aussi en train de naître dans les pays anglo-saxons depuis quelques années, dévêtu de toute sa métaphysique, et ça pose aussi question.

Contre l’addiction, peu importe la méthode ou la philosophie, comme tu le dis, c’est nos schémas mentaux qu’il faut changer, s’entraîner constamment à penser différemment, chasser ou laisser passer ses « mauvaises » pensées, une perpétuelle gym intellectuelle. Et stoïcisme et bouddhisme sont à mon avis de bons outils.

Encore un pavé, putain ! Je l’aurais pollué, ce blog. En ce moment, je suis à fond de speedball. Et la coke n’aide vraiment pas à synthétiser. T’écris, écris, écris... Hormis mélangée avec de l’héro, j’aime décidément plus du tout la coke.

Vivement le « déconfinement », parce que là, je commence à partir en déconfiture…


Désolé, c’est encore moi.

Bon, ben, en fait non. J’étais cuit hier soir, mais je pense avoir presque tout dit. Comme quoi.

Sois pas désolé, pour tout t'avouer j'étais raide aussi en écrivant mon message, donc on part sur une base de dialogue égale hahaha.

En relisant mieux ton commentaire, qui est pertinent, sans égocentrisme de ma part, je trouve ma réponse pas si mal. Peut-être le ton un peu agressif et pas très stoïque.

Le ton aggressif ne me dérange aucunement tkt smileC'est un peu aussi ma manière d'échanger sur les forums, alors que je ne suis pas comme ça dans la vraie vie à l'oral. Je suis plus à l'aise avec l'écrit.

Encore souligner qu’à la différence de la philosophie purement conceptuelle, les sagesses de la période hellénistique sont justement accès sur « l’Éthique », farcies d’exercices quotidiens, d’où leurs renaissances actuelles. Avant de dériver en délire, la philosophie était avant tout une pratique, une façon de vivre.

Si tu épures le bouddhisme de tout « bullshit » (toute la cosmologie/métaphysique, en fait), c’est de la méditation, plus du bouddhisme, d’où l’article de Prescripteur.

Oui voilà, vis-à-vis du problème du topic, je pense que ce qui est efficace, c'est les pratiques qui provoquent une neuroplasticité positive permettant d'inverser ou de compenser la neuràplasiticité négative qui se produit lors d'une addiction. Qu'importe les véhicules, philosophiques, bouddhistes, chrétiens... Il faut juste faire l'exercice mental. Que tu médite sur ton souffle, que tu te concentre sur l'amour de Jésus, ou que tu visualise ta mort par exemple (je crois que c'est un exercice Stoïcien, mais ça fait longtemps que j'ai pas lu des trucs là dessus), tous ces exercices conduisent à un remaniement de la structure même de ton cerveau, et ça c'est bénéfique.

Au contraire, prendre refuge dans le Bouddha et qu'on te file un joli nom thibétain sans méditer quotidiennement, ou alors lire des bouquins de stoïciens sans les pratiquer, ou alors aller a la messe le dimanche sans autre pratiques, ça c'est du bullshit, ça sert a rien, en tout cas pour lutter contre une addiction. Biensur cette vue est un peu extrême et serai à nuancer, mais t'as compris l'idée.

Cela dit, c'est difficile à mettre en place. Pour les cravings, moi ça marche très bien tant que je pratique quotidiennement, mais parfois je perds l'inertie, comme maintenant. Mais j'ai pas lâché l'affaire, c'est vraiment qu'à travers cette pratique que je conçois la vie sobre, parce que la sobriété sans rien d'autre, ouais nan, j'ai essayé mais j'ai pas aimé. Haha

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