Difficile exercice de pédagogie sur la future "salle de shoot" à  Paris

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Difficile exercice de pédagogie sur la future "salle de shoot" à  Paris
Le Monde.fr | 12.06.2013 à  08h31 • Mis à  jour le 12.06.2013 à  10h38

Par Laetitia Clavreul


La mairie du 10e arrondissement avait pourtant sorti l'artillerie lourde pour faire œuvre de pédagogie sur la future expérimentation d'une salle de consommation de drogue à  moindre risque à  Paris. Organisant sa deuxième réunion publique – le lieu d'implantation étant maintenant connu, ce sera boulevard de la Chapelle –, elle avait invité pas moins de deux adjoints de Bertrand Delanoà« pour rappeler l'intérêt sanitaire du projet et promettre des renforts de police, mais aussi un représentant du préfet de Paris, ou encore des responsables de la salle d'injection suisse Quai 9 et de la police genevoise. Il fallait bien cela face à  l'inquiétude, voire l'hostilité, de certains futurs riverains.

"Menteurs", "Et les habitants dans tout ça ?", dès les premières prises de parole les commentaires fusent. Le ton se veut pourtant rassurant. L'association Gaïa, qui mène le projet, insiste sur son objectif de santé publique, mais aussi de réduction des nuisances pour les habitants d'un quartier, situé autour de la gare du Nord, où les toxicomanes sont très présents. Elle dit qu'une ligne téléphonique sera prévue pour les riverains et la police.

Très écouté, Philippe Bertschy, policier genevois, parle d'une "aventure – Quai 9 – qui a tourné à  la satisfaction", alors que ce n'était pas gagné d'avance. "Après douze ans, ce n'est plus un sujet", ajoute-t-il. Mais dans la salle, on commence à  s'impatienter.

CRAINTES DES RIVERAINS

Dès que la parole est donnée au public, la queue se fait longue devant le micro, et les critiques s'accumulent : le représentant d'une association de riverains déplore un "projet (...) hasardeux". "Il y a deux crèches, une école maternelle, un lycée tout proches, et des immeubles d'habitation dans les cours desquels jouent des enfants", lance une femme, qui explique que ce quartier, "Little India, était jusque-là  un peu le seul à  être épargné par la toxicomanie".

"Le problème des dealers perdurera, il y en aura même encore plus, puisque la drogue ne sera pas fournie", s'exclame une autre femme, qui dit parler au nom de sa mère, âgée de 90 ans, agressée comme d'autres par "des drogués qui ont besoin d'argent". Les mots sont durs, parfois jusqu'à  la caricature : "Luttez-vous contre l'obésité en proposant des barres chocolatées ? On n'a pas besoin de donner la possibilité de mieux se droguer, mais de ne plus se droguer", s'emporte un "jeune Parisien".

Le calme revient parfois, comme quand le directeur adjoint de cabinet du préfet de police de Paris, Nicolas Lerner, prend la parole, et fait son petit effet : "Ce n'est pas évident pour un service de police d'aborder la question d'une salle de consommation à  moindre risque, mais on s'est rendu compte que nos préoccupations se rejoignaient", attaque-t-il, promettant que la lutte contre les trafics et la consommation sera toujours une priorité.

"VOS QUESTIONS SONT LÉGITIMES"

On s'invective beaucoup, et parfois on perd patience. "Vos questions sont légitimes, vous serez associés. C'est ensemble que nous faisons la société, il n'y a pas ici d'un côté des irresponsables et de l'autre des citoyens dont les avis ne sont pas pris en compte", s'énerve Jean-Marie Le Guen, adjoint au maire de Paris. Les partisans de la "salle de shoot", parce qu'il y en a aussi dans la salle, applaudissent vivement.

Mais l'exercice a ses limites. Et à  force de vouloir laisser les uns et les autres s'exprimer pour faire remonter les doléances, les réponses tardent ou manquent aux questions précises sur l'accès aux mineurs, le coût ou le fait que la salle ne soit pas accueillie à  l'hôpital. Il est 22 heures. Après trois heures de réunion, tout le monde n'a pas pu s'exprimer, et certains repartent frustrés, telle cette habitante de l'immeuble dont l'adresse est la même que celle du terrain de la SNCF où seront installés les locaux, et qui avait pourtant bien des choses à  dire.

D'emblée, le maire du 10 arrondissement, Rémi Féraud, avait prévenu : "La concertation, ce n'est pas un droit de veto sur une proposition, c'est prendre en compte des remarques." L'ouverture est prévue à  l'automne, si toutes les conditions en termes d'effectifs pour assurer le fonctionnement de la salle et la sécurité sont remplies, promet la mairie.

Laetitia Clavreul

Source : http://abonnes.lemonde.fr/sante/article … 51302.html

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