Abstinence... 



Le contexte de post :

Abstinent à l'alcool. Parfois (comme maintenant) un jet de c (deux à trois fois l'année, voire tous les deux ans) et rarement un trip LSD.

Le terme "abstinent" renvoie vraiment à un concept assez austère quelque part, il rejoint une forme de repli vers un monastère dans une abbaye et semble imposer un retrait de la société disons des plaisirs. Certains préfèrent le mot "sobriété", "sober" tant il fait référence à un choix radical et opposé aux chemins précédent.

Avant de l'adopter cette abstinence il m'aura fallu accepter un échec. Pas un déni, j avais assez vite compris que l'alcool en l'occurence, l'addiction (et non la dépendance) s'était installée, insidieusement. Moi qui ait toujours eu de la méfiance vis à vis des autres substances, sans jamais d'ailleurs lire la catégorie ici "alcool". Je ne croyais pas qu'un jour l'ethanol me poserai ce problème.

Insidieusement veut dire que l'on comprend un jour qu'il y a un rapport à la boisson différent. Qu'elle vous appelle non plus dans un esprit sociale mais comme un besoin et vous allez chercher votre bouteille de façon automatique, ou vous allez au bar de façon naturelle comme guidée par une douce envie non violente et sage, sereine.

Il y a certes cette façon parfois de vite boire, de vite vouloir sentir l'effet de l'ethanol, mais le plus évident dans cette glissade sera bien cette capacité à se procurer votre bouteille, sans forcer, sans hésiter, comme happer par un pouvoir très doux, assez joyeux et sans émotions contradictoire.

Quand j'ai compris la menace, j'ai su qu'il fallait agir, et j'ai vite compris, avec les mois passent cela dit, que cette attraction si doux et si délicate (pas de craving particulier, pas de descente) était d'une puissance redoutable.

A ce moment là c'est installée des milliers , peut-être des centaines de milliers de "demain ou la semaine prochaine j'arrête", et d'autres milliers "va cherche ta bouteille, c'est tellement cool d'aborder cette soirée avec, de commencer un moment d'euphorie et de joie alcoolique".

Le mot abstinence n'avait pas sa place et je me croyais encore doté d'une conscience qui agirait et dirait, comme pour la coke ou d'autres drogues : stop ! on arrête. Attends, c'était si facile avec la coke, la mdma etc... Alors l'alcool suivrait le même schéma.

Ben non.

Je passe les étapes. Le covid,l'après covid. Les échecs, la croyance que cet alcoolisme était finalement érable. Du sport pour compenser etc...

Le poison alcoolique fait souvent son effet lentement. Une augmentation progressive mais pas si impressionnante que ça. En 3 ans je suis passé de 1 bouteille de vin pétillant par jours, à deux, puis deux et demi, puis on passe à la vodka, parfois le Ricard, parfois le rhum.

Petite à petit. J'étais invisible, personne ou peut ne savait. Je cachais tout. Seul mon épicier voyait bien que je venais souvent.

La dégradation est lente, on survit très bien le lendemain.

Les signes qui commencent à montrer la dégradation seront les angoisses dans la phase alcoolique haute. On passe de l'euphorie à une forme de tempérament un peu véhément, on verbalise ses anxiétés, on rumine, on devient aussi un troll un peu agressif sur les réseaux sociaux puis le pire : on envoie des messages décousues aux ami(e)s, soit drôles mais trop perchés, soit des messages de frustrations à sa compagne.. et cela coutent chers.

L'alcool exacerbe toutes les petites choses de la vie en anxiété, des petites anxiétés en forme de métastases. Je peux le dire aujourd'hui car elles ont toutes , mais toutes disparues.

C'est un dépresseur hyper puissant qui en plus vous dirige vers le sommeil quand il est au bout de vos capacités, vous dormirez. Contrairement à d'autres substances qui vous obligeront à subir des descentes plus ou moins délicates. Lui, agit et quand il est à son max, vous tomberez dans le sommeil.

C'est une excellente addictologue qui ma parlé d'abstinence. Au moins sur un an pour pouvoir comprendre, se voir, se mesurer à cet alcool durant toutes les fois ou vous devrez la refuser. Ce qui peut faire une cinquantaine voire une centaines d'échéances par an.

J'ai réussi grâce à deux médocs sur quatre mois, quelle joie, alors que je n'arrivais pas à passer un seul jour.

Puis j'ai fais l'erreur de reprendre me croyant plus fort que les autres... et petits à petits j'en suis arrivé au meme niveau de consommation, puis j'ai commencé à le dépasser.

J'ai compris que la modération n'était plus pour moi.

J'ai recommencé un arrêt. En essayant tout. Jus de ceci, racine de cela etc... Rien à faire.

Après un échange naze de message avec ma compagne, où j'ai failli la perdre, j'ai de nouveau repris ces médocs pour cette fois-ci accepter l'abstinence, et non l'idée de stopper l'alcool pour ensuite reprendre modérément.

Ce qui change ? c'est que vous acceptez de ne plus pouvoir et d'avoir passer un cap de non retour. D'écouter et croire ceux qui ont choisis cette voix.

Mais le plus important : de transformer votre vie où l'alcool ne serait plus option pour tant de chose, comme vous divertir, vous accompagner etc.

C'était choisir une autre vie, donc reformuler votre moi social. Reconstruire un rapport aussi au plaisir, à la fête.

Travailler sur l'impératif du "pour se cacher, se détendre il te faudra de l'alcool".

Heureusement les doutes sont aussi merveilleusement rassurer par les mois qui passent et des sensations que je ne connaissais plus. Surtout au bout de 5 à 6 mois. Clarté mentale, joie naturelle, fin des anxiétés inutiles, une forme de lâcher prise agréable, de "chill", mais aussi une dynamique de soi, on est plus dans la construction de son quotidien, dans la vie perso comme au boulot.

Un plaisir de se transformer en abstinent. Au débit on hésite, on peut-être intolérant, puis on structure notre nouvelle identité et refusant l'alcool d'abord par nécessité puis par plaisir et enfin on s'en libère et petit à petit disparaît même l'idée de ne plus pouvoir déguster un bon vin ou single malt.

Tu me diras, ouais mais parfois tu prends de la coke. Déjà c'est très rare et je n'ai jamais été addicte (ou si peu). Ensuite je ne rejette pas les drogues mais je ne suis pas apte à l'alcool. Ensuite La question n'est pas de condamner l'alcool mais de découvrir qu'une vie sans et très, mais très agréable.

Catégorie : Carnet de bord - 29 juin 2025 à  18:04

#abstinence



Commentaires
#1 Posté par : Zarathoustra 29 juin 2025 à  18:35
Les points positifs de l'abstinence sont assez connus.

Dans le désordre :

Stabilité émotionnelle, fin des anxiétés parasites, Sexualité plus claire et délicate (terminé les moments que l'on croyait plus audacieux parce sous alcool, bien au contraire : à creuser ce concept). Une patience à l'écoute plus (beaucoup plus) semaine et une capacité à être plus franc aussi, (moins dans l'émotif).

Cette putain de liberté de ne plus culpabiliser sur les consommations de la veille.

Un plaisir à passer des repas joyeux. A ne plus rester dans des soirées franchement chiantes.

Une redécouverte des joies simples.

Est-ce que les soirées défonces où l'on se lâchent me manquent ? Parfois oui, au début, car l'alcool permettait au moins de s'amuser dans ces soirées nazes avec de la musique de daube. Ben finalement j'ai choisis d'autres soirées où l'alcool n'est plus le moteur des empathies et des joies mais le contexte (bon concert, lieux cool etc). Sinon je n'y vais pas.

Une fierté d'être libre du verre vide. Terminé l'obsession de vouloir remplir son verre (forme de craving de l'alcool).

Terminé aussi ces descentes qui produisaient une forme de pensées un peu mélancoliques voire nihilistes.

Puis un levé beaucoup plus tôt naturel, pas désagréable.

L'autre sujet concernera l'acceptation d'être abstinent et de l'expliquer à des personnes. Parfois on trouve les mots et les phrases, parfois l'envie manque ou le mensonge reste une façon de clore la curiosité.

Mais je me suis retrouvé dans des colloques au boulot, des séminaires où les soirées doivent etre sous la tutelle de l'alcool. bien que les temps change et pas mal de personnes ne veulent plus se cacher et se boivent pas. Mais parfois la pression du groupe reste forte et il faut dire non, affirmer ce non.

Lors d'un repas super arrosé avec des gens qui me connaissaient très bien (donc bon buveur et plutôt fétard), l'un d'eux annonce à la tablée (avec maladresse) : "Vous savez quoi "il" ne boit plus....

Silence (nous étions une vingtaine). Et ce fut assez étrange. Les "pourquoi", ceux qui ont accepté, ceux qui ont pris ça comme une agression (et oui) dans le sens où  c'était un effet de mode etc, que boire de temps en temps de fait pas de mal etc...

Je me suis retrouvé dans le camps de ceux qui étaient contents d'avoir un allié, ceux qui c'en foutaient, ceux qui me regardaient comme ci j'avais annoncé un changement de sexe.

Après ça j'ai compris que ma nouvelle position d'abstinent devait etre travaillée, assumée et adoucie aussi dans le sens où elle n'interroge que moi, et moi seul. Je n'impose pas une valeur morale, ni un jugement. C'est pour moi une condition non négociable pour ma vie, mes proches et non une posture sociale ou spirituelle.

Le travail continue encore aujourd'hui, plus sereinement, j'ai huit mois d'abstinence. Ce qui est peu en soi. Mais l'intégration de cette nouvelle vie dans l'espace familial, sociale, professionnel est presque totale. Plus besoin de devoir "expliquer".

Je n'avais pas envie et je n'ai pas envie d'afficher mes années. je comprends ceux qui ont réellement souffert d'un alcoolisme très tragique et ces années qui passent vécues comme des trophées résument les souffrances qu'ils ont subi.

D'ailleurs avouez que c'est sidérant d'écouter ces gens qui annoncent leur années d'abstinences. Elles sont une valeur puissante, bien plus que leur date d'anniversaire. ce qui résume le parcours et les moments douloureux de leur tragédie personnelle. Un marqueur fort. Une leçon d'existence pour beaucoup de témoignages.

On reste dans une position d'ouverture et de prévention sur les drogues, leur usage et les valeurs disons libérales qui nous animent, mais nous savons aussi que l'usage des drogues quand elles virent au négatif et installent des addictions fortes et des dépendances, elles sont un enfer pour la personne.

 
#2 Posté par : Zarathoustra 29 juin 2025 à  19:46
L'autre aspect de ce choix de vie sera celui présenté par des artistes puis d'autres personnes moins visibles.

L'usage des drogues aura été présenté dans la littérature, le cinéma etc depuis la nuit des temps, comme un acte de libération, de provocation, voire de posture romantique, sinon comme un moyen de libérer l'esprit de contrainte (bien que la drogue ajoute des contraintes tout en amplifiant des zones restreintes).

Pour jouer du cliché, la posture des types qui se défoncent, qui boivent, fument, sniff, aura souvent été construit autour d'une intention libératrice, sinon représentant une gifle au conservatisme, une révolte contre des obligations sociales et culturelles, morales. Celui qui ne boit pas est "chiant". La prohibition aux USA doit son succès à des groupes associatifs de femmes conservatrices qui ne supportaient plus de voir leur mari sombrer dans la beuverie. On le sait les effets de la prohibition furent pire que la légalisation.

Si vous prenez nombre d'artistes qui se sont défoncés, beaucoup autrefois auront été vu comme un art d'autodestruction dans leur art lui-meme. prenez un Gainsbourg comme exemple commode.

Aujourd'hui ça ne passerait plus parce que le regard ne serait plus aussi romantique, l'alcoolisme de Gainsbourg ne serait plus un objet de son talent et de la construction de son personnage, mais bien une maladie chronique.

Idem pour l'image festive de la coke où des scènes de snif grandioses étaient vues comme des moments de fêtes, de délires intenses. Au point d'être imiter par des gamins faisant semblant de suiffer, tout en rigolant.

Il y a aujourd'hui une culture de l'addiction et des dégâts des drogues moins naïves. Dont l'alcool. Sauf que les échanges avec les adolescents par exemple font ressortir une incohérence majeur : Pourquoi l'alcool est dans tous les supermarchés, visibles dans les pub affichés dans les arrêts de bus, et la weed si diabolisée ? Autre sujet

Les images renvoyées aujourd'hui sont plus celles d'artistes qui narrent leur abstinence, qui parlent de leur alcoolisme, dont des femmes. Nous sommes beaucoup moins dans l'apologie du festif et du moi qui se défonce parce qu'il est cool et un bon fêtard.

L'artiste qui se met minable n'est plus en soi une image jugée comme dionysiaque. Sauf peut-être dans le rap (trap surtout) ou la weed (Merci Cypress Hill ?) est imprégnée au son, au quotidien.

Contexte paradoxale alors que le marché des drogues n'aura jamais été aussi diversifié, disponible et à des tarifs bas et de haute qualité (coke du bloc à 50 euros) mais aussi des drogues de synthèses dont certaines terrifiantes (fentanyl).

La coke surtout s'est invitée (changeant aussi l'ambiance, plus intello et feutrée) presque partout.

Pour reprendre

L'abstinence devient petit à petit une réalité un peu dogmatique et générationnelle pour des raisons différentes. Mais aussi affirmée par des gens plus âgés qui semblent presque libérés de pouvoir s'en détacher (un peu comme l'époque de la clope où contester les fumeurs signifiait etre un vieux con ou une reloud)   

Il est donc plus facile de s'inscrire dans ce mouvement sans tout le temps etre regarder comme "l'ancien alcoologies pénitent", le pauvre, il ne peut plus boire.

Lors des moments de sorties, de repas, de convivialité, je ne suis pas le seul qui ne boit pas. Après je n'ai plus la vie de bar, de teuf d'autrefois, et si je sens qu'une soirée sera très dynamisée par l'alcool, j'évite d'y aller.

la question qui sera forcément abordée : combien de soirées qui 'n'auraient aucun sens sans drogues ? Possible, mais Elles ont du sens dans ce contexte de convivialité et de drogues, probablement à regarder comme ça, et non dans cette espèce de valeur ajoutée à savoir si elles auraient été aussi valorisée sans drogue ? Question débile finalement. Là encore la question n'est pas de juger, mais de se sentir bien avec ça.

Par contre se poser la question d'être sobre dans une teuf où l'alcool sera un moteur important, oui, déjà vécu, on est spectateur de ce qui se passe. Et ça n'est pas franchement très interessant.

Point important : Pour un abstinent, la question de l'alcool comme plaisir gustatif n'est plus la question. Son rapport à cette drogue est binaire : C'est une défonce non gérable donc soit il y a un rapport fort et addictif soit il faut l'oublier comme simple objet de dégustation.

Puis ce qui n'est pas le cas d'autres personnes ne connaissant que l'alcool comme psychotrope. On peut difficilement dire en société : je suis abstinent niveau alcool par contre je bouffe des fois des champs ou du LSD. Voire meme de la weed. On sort du cadre des normes. Un buvard de LSD sera flipper tant de personne alors qu'une mauvaise vodka à 7 euros chez Aldi pas du tout). ET n'allait pas dire que quelques rails de coke ne vous transforme pas en junkie.

Me voilà avec mon "je ne bois pas" exprimé si souvent tant on vous sollicite avec du champagne, la liqueur du chef en fin de repas.

Heureusement j'aime compagne qui aime son verre de champagne mais n'aime pas l'alcool. Mon choix était pour elle une aubaine car elle s'est sentie toujours obligé de suivre lors des soirées et elle ne supporte pas l'alcool.

L'autre facette sera : comment etre ce "moi-je" désinhibé sous alcool, sans alcool ?

 
#3 Posté par : Zarathoustra 29 juin 2025 à  20:10
La première fois j'ai pris un excita, en club, je ne devais prendre que la moitié et dans l'allegresse j'ai tout gobé, je me suis pris un shoot et une montée surtout de folie, extatique et une soirée mémorable, puis évidemment une descente horrible.

Mais l'une des pensées que j'ai eu aura été "putain le bonheur existe", alors comment le retrouver, pas à ce niveau mais de façon naturelle ?

Evidemment c'était une phase de ma vie pas drôle et limite dépressive, et ce tas m'aura apporté beaucoup de bonheur et une capacité à dire des choses hyper bienveillantes, douces, amoureuses et d'amitié forte... alors comment l'approcher sans cette drogue ?

Long chemin de plusieurs dizaine d'années et de petites thérapies psy.

Avec l'alcool c'est le meme procédé : comme etre cette personne joyeuse, rieuse, libérée, taquine et empathique sans l'effet ethanol ?

J'y suis arrivé assez facilement et j'y travaille encore. Apprendre à s'amuser, dire les choses, exprimer des émotions etc sans etre poussé par les effets euphorisants.

La seule chose qui m'échappe c'est la danse une fois bien bourré, difficile de se cacher sur la scène sans 2 grammes.

Par contre sur le plan des émotions, des frustrations, de l'empathie (plus délicat), de la franchise et de la bienveillance, on peut y arriver. Ainsi que de la timidité.

Truc à oublier et tant mieux : quant l'alcool développait des phases un peu érotiques et séductrices avec des personnes. nazes et maladroites. Terminé  avec l'abstinence, il y a une forme de désir sexuel concupiscent et instinctif qui n'est plus.

Ne plus regretter les moments de délires sous alcool parce que l'on retrouve d'autres joies sans, plus saines, comme les fou rires (et oui). Terminé les pseudo confidences beaufs en fin de soirées. Les confidences parfois belles et justes mais qui ont plus de saveur et de vérité sobre.

Par contre terminé les messages très amoureux et bourrés d'émotions, plus difficile sobre, j'ai travaille. 

Il n'y a pas de vérité sous alcool, il y a des idées sans filtres qui sont justes parfois, mais brutes et n'ont plus de consistance les lendemains, parce que vous êtes incapables de les exprimer sans cet effet, qui peut toucher mais qui mérite d'être avoué clairement.

Anecdotes : Un ami grand sporti me disait que lors des compétitions il était bourré. Sur les premiers assauts il pouvait gagner avec des audaces et des réussîtes surprenantes. L'alcool le boostait etb le désinhibait (effets dopant positif)... Mais sur les suivantes, l'alcool faisait tout le contraire, il était peu précis, rapide etc et se faisait démonter.

La consommation de drogue menant vers l'addiction c'est un peu ça.

Puis l'addiction détruit les liens, elle peut casser des histoires fragiles, longues en quelques messages. Elle vient ajouter du doute là où il devrait y avoir de l'assurance. Elle fragilise des histoires saines et réussies.

Dans mon milieu familial jeune c'était des retrouvailles des uns et des autres souvent très bruyantes et festives,  puis trois jours après des engeulades et des ruptures.

 
#4 Posté par : Zarathoustra 29 juin 2025 à  21:00
Les moments les plus puissantes lors des rencontres resteront les discussions de groupes de CSAPA. Ecoutez les personnes narrer leur histoire mais surtout leur question du quotidien, leur manière de rationaliser leur alcoolisme, de poser des mots, du sens à ce qu'ils ont vécu, de comprendre les pourquoi.

Il y a vraiment différentes narrations, histoires, pas du tout similaires, parfois proche de la vôtre. Des milieux sociaux différents, des générations différentes, des consommations différentes. On se sent (pour ma part) plus petit avec nous doutes.

Le soucis de construire des "pourquoi" est bien plus importants que de raconter son histoire. Il y a une envie de mettre des mots sur "pourquoi je fonctionne comme ça" ?

Il y a une bienveillance naturelle et un désir d'écoute et de clarification. De transformer des mots-jugement dur sur soi en d'autres plus proches de la réalité (sans tomber dans de l'angélisme positiviste), ou des comportements vu comme négatif et les comprendre comme un système de défense.

La culpabilité est un des piliers de l'addiction, les notions de mensonges aussi (aux autres). J'ai souvent ajouté que le mensonges sur sa consommation devait etre plus compris comme une dissimulation et non un mensonge pour tromper quelqu'un. Le manipuler. Sauf cas particulier.

La puissance de la culpabilité de ne pas y arriver et d'aimer l'alcool. D'échouer si vite alors que toute la journée vous jurez de ne plus boire. Une incompréhension de ce psychisme qui cède si facilement, et déclenche les lendemains une avalanche de rumination, de choix (on jette tout) et rien de fonctionne. Des rechutes qui sont mal compris (on pense repartir de zéro) et une vision de soi rongé d'impuissance.

Les femmes ont aussi une écoute singulière parce qu'elles vivent socialement une double peine et ont des méthodes de dissimulations différentes. Plus encore stigmatisées et surtout vulnérables.

Je ne connais les AA, j'ai lu, écouté et j'ai eu une forme de rejet par leur méthode, trop dogmatique, ressentant une implication morale et physique trop rigide, je voulais être très libre et autonome, sans "parrain".

Si j'ai réussi c'est par une peur de perdre ma compagne. Puis aussi un déclic. En nageant j'ai repensé à mon ancienne adicto, grâce à doctolib elle reprennait son job. Puis une peur car j'augmentais les doses. Un tout. Peur que mes enfants grandissant me voient Addict, alcool.

Une fois en pleine nuit je me suis remis à boire... première fois... donc passage à une autre degré. Puis Si je perdais ma compagne, je souhaitais me laver et surtout ne plus etre cette personne.

J'ai tout fait pour la reconquérir. Parce que cette histoire était très solide et belle, je cassais tout.

Donc abstinence et discussion aussi sur les rechutes, la peur, pour elle. Donc prouver que non, et même oser que si un soir il y aurait un dérapage, il serait un dérapage. Apprendre aussi à prouver à l'autre sans promettre des choses idiotes ou dépourvue de preuves.

Puis narrer aussi pourquoi cette addiction.

je n'agit pas un alcoolique dans le sens du "bon vivant", juste coincé dans un contexte bien précis et incapable d'en sortir. Le soir chez moi (garde partagé).

Il aura fallu ces médocs très efficaces pour casser l'envie du soir et effacer le désir de la bouteille jouissive comme automatisme.

Assez facile, parfois des poussées mais jamais je n'aurais cédé. Les envies de coke restent rares mais je me méfie. Le LSD très rare car assez éprouvant.

Le besoin de drogue reste évident, mais il est anesthésié par du sport, des soirées courtes et une envie de se lever clair. Puis encore une fois des effets très agréables. Donc surtout une stabilité, et plus d'anxiété (le pied).

L'autre point hyper important: accepter l'ennui de certaines soirées ou compenser différemment. Ne pas recherche l'effet secondaire du premier verre et accepter aussi d'être vu comme le type qui ne va plus déconner sous alcool et devenir un type rieur, taquin et affable.

Puis tenter de danser. Plus sur de la daube. J'ai participé à des soirées teck, de daube. D'autres vraiment niquel. de Groove aussi. On devient plus intolérant aux concerts médiocres, et plus à l'écoute.

Les moments de beuverie. (mariage) sont assez fatiguant. On parle a des personnes franchement ivre, livrant leur confidences toute naze ou parfois leur idées politiques nauséabondes, sinon des conflits de types saouls que l'on modère.

Puis on reste un peu spectateur des soirées qui chauffent avec l'alcool, des comportements. Ce que l'on était avant. On voit les alcoolos et leur méthodes, on écoute des conversations intolérables, et on devient un peu sociologue.

Je fais désormais les soirées où l'alcool sera le moteur obligatoire de soirées beaufs. c'est horrible.
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#5 Posté par : Zarathoustra 29 juin 2025 à  21:15
L'abstinence vous transforme en vous meme finalement soit une personne qui peut etre extraverti mais petit à petit dans une reconstruction de votre estime de soi. Pas besoin d'une aide substantielle.

Faux timide, je ne serai jamais le gros fêtard dansant à fond si pas beurré, un jour peut-être, par contre je me marre désormais beaucoup plus.

Question sexualité c'est le graal. Tout devient possible par la communication ou les gestes, sans devoir etre un peu dans l'improvisation et son audace pour oser telle pratique. C'est venu tout seul. Puis vous vivez vraiment mieux le moment et vous n'êtes pas dans une fougue un peu poussive.

La drogue peut vraiment aider à aborder des zones ou des pratiques plus audacieuses que l'on va tenter, mais pas sur qu'elles soient le lendemain intégrées dans votre vie sexuelle, car... défoncé.

Donc là aussi, réapprendre à oser sans alcool. Et c'est très puissant car plus clair, plus consentant aussi et plus assumé. Non dans cette sensation de profiter d'une fenêtre dopante.

Quand aux sentiments sous alcool ? Ceux qui sortaient et étaient très amoureux, délicats ? Autant les travailler sobres et penser que la personne était bien vous meme. Car l'autre coté malsain sera aussi de balancer des frustrations mal gérées et d'être maladroit et dans le jugement.

LA franchise sous alcool n'est que de la franchise, elle ne rend en aucune manière le message juste, vrai, bon, il est juste dit sans filtre, en quoi est-ce une qualité la franchise ? La sincérité oui car elle suppose une réflexion avant.

La vérité/veritas sous alcool est brut, sans élégance.

 
#6 Posté par : Zarathoustra 29 juin 2025 à  22:37
Après on peut aussi avoir un regard plus brut et plus clinique :

Mec, si t'es abstinent c'est que tu as une addiction, tu n'es plus du tout dans la capacité de gérer tes consommations, donc c'est un statut qui est propre à toi et seulement à toi. D'autres gèrent très bien leur consommation, meme leurs murges (comme toi à une époque) et sont dans un quotidien qui serait aussi qualitatif que celui de ton abstinence par exemple.

Tu as dépassé une forme de cap avec un non retour. Pour beaucoup de personne l'alcool n'est pas un problème et l'abstinence n'est pas du tout un choix qui aurait des effets aussi positifs. Cette question ne se pose pas pour eux.

Certes, elle se pose pour beaucoup d'entre nous du fait simple que la consommation d'alcool est très ancrée dans la vie de nombreuses personnes, le dry January est tellement raillée ou interroge mais commence à parler à des individus.

Et les addictions ne déboulent pas comme ça du jour au lendemain.

Mais oui, cette histoire concerne ma personne, et si je regarde cette abstinence comme un vrai choix heureux, c 'est qu'il est basé sur une histoire d'addiction.

Mais cette histoire est plus complexe que le jour où j'ai compris que j'étais addicte.

Elle est aussi une histoire de 35 ans facile finalement de culture de l'alcool, dès la Fin de l'adolescence.  D'une culture mondaine de l'alcool, dans le milieu pro aussi. Pas un seul mois sans alcool depuis 35 ans.... quand l'addictologue m'a posé cette question, peut-être pas juste j'ai quand meme installé l'idée que depuis des années j'offre à mon corps des doses d'alcool.

Certes l'addiction est venu à un moment propice de vulnérabilité, mais elle était là bien avant, discrète et perçue comme une vie un peu trop festive, c'est tout. Jamais comme une addiction telle que l'on imagine.

D'une société ou etre ivre relève de la normalité et aussi d'une culture du patrimoine. l'alcoolisme, comme un accident fâcheux. Sauf que quand tu découvres cet alcoolisme au facettes multiples, il n'est pas qu'un accident fâcheux. Il n'est pas si tragique que ça. Tu n'es pas cette etre au visage ravagé, tu es invisible, sportif, personne ne sait. Personne ne voit.

Il est je pense le fait d'une culture qui valorise l'alcool sous des formes autorisées, lui attribue une autre catégorie que celle de drogue, et isole les alcooliques comme des personnes à part, avec la fameuse phrase "on ne devient pas alcoolique avec un bon Chateau Margaux", ressassée par nos élites.  Une maladie aussi. Dans ce mot maladie qui peut etre juste, il y a un fort potentiel d'accident donc de malchance puis une façon aussi de faire accepter socialement cette "état" afin de sortir aussi de la responsabilité pleine de mépris de l'alcoolique (comme une personne délabrée, faible ou pathétique). Et non. Ce n'est pas qu'une maladie.

Ou

"En club les jeunes boivent du gin, pas du bon vin". Donc l'alcool et le vin serait à part. ce qui est faux puisque de nombreux amateurs de vins prestigieux sont alcooliques et s'ils nient le nom de drogue, ils ne voudraient pas boire un bon bourgogne sans l'effet de l'alcool. De plus ces élites méprisent les drogues non nobles, et voient dans le vin un art de vivre. Comme pour l'ocycontin, ou les addictifs étaient de tous de mauvais consommateurs et de nature des drogués. 

Le vin c'est de l'eau. Une journaliste du parisien que je côtoyais, coté "politique tout de meme" refusait quand je lui disais que le vin était une drogue comme la weed.

Cet été encore les médias vont valoriser à outrance les rosées par exemple. Bois deux litres de rosé...

Puis ces élites viennent tous d'écoles ou se murger est fédérateur. Vomir dans des seau et s'humilier beurrés.

Les sommeliers recrachent le vin car ce qui compte reste le vin, l'alcool ne serait que l'exhausteur de goût. Sauf que les amateurs de grands vins sont la minorité, et ils veulent l'effet du vin. Bref. Propose un Grand Vin sans alcool, ça va tiquer.

Autrefois on séparait le bon alcool du mauvais. Comme on sépare l'alcoolique du bon vivant. Depardieu disait qu'il buvait beaucoup mais dans un cadre de saveur et de posture digne, culturel,. Rien à voir avec l'alcoolique qui se ruine au gin.

Parce que l'alcoolique est vu comme un dépendant très caricatural alors que les gros buveurs s'inscrivent dans un contexte qui reste culturellement construit, l'alcool est un accompagnateur digne et jugé valide.

J'exagère mais une soirée sous mdma ou sous weed sera vu comme intolérable et de drogués. Une murge de mariage sous vin de façon très drôle et réussie.

L'alcoolique lui est dans une démarche d'addiction avérée. Sauf s'il est dans un contexte qui camoufle son addiction, ce qui est souvent le cas avec l'alcool mondain. Champagne. J'ai connu ça... des tonnes de bouteilles, à rentrer totalement malade. Mais c'était du champagne.

On boit dans un environnement qui valide la fréquence (et tant pis pour le volume) et ne considère pas les litres bus comme une entrée dans l'addiction.

Les temps changent, dans les entreprises surtout. Il n'y a plus des soirées basées sur des alcools forts, et il y a une maitrise des boissons. Les pots sont sans alcools, et les cadeaux de fin d'années aussi.

Des ami(e)s commencent à comprendre mon abstinence, parce que je la verbalise mais certains la voient comme un effet de mode, un conservatisme alors que nous sommes avant gardiste quelque part. Peut-être pas dans ce radicalisme mais dans les questions qu'elle pose.

Ils ne perçoivent pas leur alcoolisme chronique et qu'une soirée soit sans elle.


J'ai du me battre, gentiment, pour faire accepter des bières sans alcool. PAs une vraie "bière". Il aura fallu le parler du lait écrémé ou du café, ou de la viande dans laquelle ou retire le gras, tant d'aliments sont transformés depuis la nuit des temps.

Bref, tout ça pour dire qu'il faut restructurer son environnement tant l'arrêt de l'alcool est impactant.

 
#7 Posté par : Zarathoustra 29 juin 2025 à  23:13
Moi en bon parisien je n'ai jamais vu d'alcoolique dans un état désastreux. Seulement en province une fois.

Puis un jour, en 2008, je me balade avec ma compagne dans le 13ème et sous la chaleur de juin on s'arrette dans troquet paumé dans une petite rue.

Petit bar... avec des gens digne d'un film de Gaspard Noe (Seul contre tous). des visages et des corps tellement abîmés.

Ils étaient dans un bar qui devait fermer dans une semaine, définitivement.

On a pris une bière et on a discuté avec eux. C'était une image parfaite pour un roman de Zola, des personnes dans un état déplorables qui nous avouait justement leur alcoolisme.

Pour la fermeture du bar c'était le drame absolue. Plus d'endroits pour se cacher et surtout être ensemble. Ils ont été généreux et sympathiques.

il y avait une petite fille de 6 ans qui devait fêter son anniversaire le jour de la fermeture définitive. Sa mère tenait le bar, sobre. Voir cette gamine dans ce contexte était étonnant.

On a promis de revenir pour l'anniversaire.

Le samedi suivant nous sommes venus, ils étaient étonnés, avait pariés notre absence pour des raisons simples : ils étaient alcooliques et deux bobo comme nous les auraient rejetées. Donc nous fumes accueillis avec sans cesse cette répétition du "ah vous êtes venus malgré tout, on pensait que vous jugeriez".

Cadeau pour la petite... on boit avec eux.

Puis rapidement on les sentaient un peu agressif entre eux, inversant les propos de notre venue (vous êtes venus parce que vous aviez pitié), puis des émotions négative, des confidences glauques, des trucs chelou.

On est parti un peu vite chez deux jeunes, alcooliques aussi mais moins amochés, parce qu'ils commençaient à devenir un peu méchants...voire agressif et dans une paranoïa, puis ils se disputèrent entre eux. c'était très glauque.

J'avoue que nous sommes revenus pour la gamine mais pour aussi avoir promis d'être là et combattre le jugement sur ces personnes. Une forme de bonté sociale, et pour la gamine aussi.

Une fois chez ces deux jeunes, deux femmes au visage pas mal amoché, ce fut moins glauque mais tout aussi malsain.

Je ne connaissais pas cet univers d'alcooliques vraiment chronique et si destructeur sur les corps, les visages et avec autant de gens. Sinon sur des "clodo".

Mais là c'était une image quasi cinématographique, tous (Peut-être 7 à 8 personnes) ravagées.

Donc pour moi l'alcoolisme c'était aussi ça. Pas un bobo commemopi suis devient addicte de une puis deux bouteilles de mousseux tous les jours (période covid) puis passe à la vodka.

Quand tu deviens addicte il faut gérer les bouteilles, que tu jettes. Puis le plus dévalorisant, le rebec du coin parle avec toi, il connait toute tes dépenses. Et te pousse a arrêter cela dit. Mais tu es vu comme un alcoolos chez lui.

Horrible. Mon carrefour mini , me voyais acheter régulièrement, j'y allais, j'achetais une boutante, et me disait après un " a demain de ma part" ben à toute à l'heure : parce que j'allais redescendre.

Vient les stratégies ensuite, on achète tout ce qu'il faut. On provisionne.

Mais aucune dépendance, pas de mains qui tremble, on se croit plus fort que les autres.

Sauf que vient l'accoutumance, et un besoin 'd'optimiser les effets, on passe à la vodka, la demi, le tiers et la bouteille, puis un jour l'autre quart d'une seconde.

C'est horrible parce ue on vendait au CSAPA que l'on maîtrisait les deux vins blancs.

Et un jour j'en ai chialé, je ne savais plus quoi faire. donc CSAPA encore mais rdv dans deux mois.

Et le clash avec madame, le déclic de chercher mon ex addictologue (qui m'a répondu dans les 3 jours), et les médocs qui ont fonctionné de suite.

Mais je me sentais glissé vers la dépendance. Des stratégies d'alcool fort. Et deux fois une envie de boire la nuit, dont une fois à 3h... horrible.

Je voyais un psy mais j'étais encore dans une démarche de parler, de vouloir réussir, elle me disait de ne pas m'inquiéter.

je buvais encore tout en racontant mes désirs d'en sortir.

Elle attendait encore afin que je passe à l'action, me disait qu'il fallait maintenant passer au concert.

Tout ceci est venu en meme temps, comme ci les planètes étaient toutes alignées...

Et j'ai tout arrêter presque trop facilement. Avec l'inquiétude de reprendre mais avec une volonté toute différente cette fois-ci.

5 jours de médoc, pas plus et reconquérir ma compagne.

Puis changer ma vie et surtout intégrer l'abstinence, le sujet de post, comme une obligation et non un passage. Ne plus boire de ma vie comme vérité absolue.

Donc plus de croyance sur une abstinence temporaire. Accepter d'être addicte et le prouver avec le temps. Puis nier l'alcool comme une option.

Des appels parfois, mais jamais très fort.

Par contre l'envie de coke est revenue mais je sais m'en passer des années.

Ce besoin de stimulation dopaminique intense est à travailler.  J'ai meme virer le café qui m'en provoque de trop.

j'avais aussi de la mdma que j'ai jeté.

Finalement : abstinence totale comme objectif de vie. demain je supprime mon compte du DM, et j'y vais.

Puis je connais tellement la coke ou tu vas partir high mais ensuite c'est difficile, et des lendemains de fatigue vraiment critique. Mais on est plus au temps des coke horribles. Bref j'avais un dernier jet que j'ai failli jeter puis non.

Ca me fait vraiment penser à ce rapport entre le plaisir et le désir, puis la souffrance des bouddhiste. La coke c'est ça. Un rapport inéquitable entre le plaisir et la ,souffrance, tant mieux, pour stopper quand tu as une vie équilibrée, le prix à payer est plus lourd.

Alors que l'alcool reste elle jusqu'à un certains point et longtemps l'érable.

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