Le contexte de post :
Abstinent à l'
alcool. Parfois (comme maintenant) un jet de c (deux à trois fois l'année, voire tous les deux ans) et rarement un trip
LSD.
Le terme "abstinent" renvoie vraiment à un concept assez austère quelque part, il rejoint une forme de repli vers un monastère dans une abbaye et semble imposer un retrait de la société disons des plaisirs. Certains préfèrent le mot "sobriété", "sober" tant il fait référence à un choix radical et opposé aux chemins précédent.
Avant de l'adopter cette abstinence il m'aura fallu accepter un échec. Pas un déni, j avais assez vite compris que l'
alcool en l'occurence, l'addiction (et non la dépendance) s'était installée, insidieusement. Moi qui ait toujours eu de la méfiance vis à vis des autres substances, sans jamais d'ailleurs lire la catégorie ici "alcool". Je ne croyais pas qu'un jour l'ethanol me poserai ce problème.
Insidieusement veut dire que l'on comprend un jour qu'il y a un rapport à la boisson différent. Qu'elle vous appelle non plus dans un esprit sociale mais comme un besoin et vous allez chercher votre bouteille de façon automatique, ou vous allez au bar de façon naturelle comme guidée par une douce envie non violente et sage, sereine.
Il y a certes cette façon parfois de vite boire, de vite vouloir sentir l'effet de l'ethanol, mais le plus évident dans cette glissade sera bien cette capacité à se procurer votre bouteille, sans forcer, sans hésiter, comme happer par un pouvoir très doux, assez joyeux et sans émotions contradictoire.
Quand j'ai compris la menace, j'ai su qu'il fallait agir, et j'ai vite compris, avec les mois passent cela dit, que cette attraction si doux et si délicate (pas de
craving particulier, pas de
descente) était d'une puissance redoutable.
A ce moment là c'est installée des milliers , peut-être des centaines de milliers de "demain ou la semaine prochaine j'arrête", et d'autres milliers "va cherche ta bouteille, c'est tellement cool d'aborder cette soirée avec, de commencer un moment d'euphorie et de joie alcoolique".
Le mot abstinence n'avait pas sa place et je me croyais encore doté d'une conscience qui agirait et dirait, comme pour la
coke ou d'autres drogues : stop ! on arrête. Attends, c'était si facile avec la
coke, la
mdma etc... Alors l'
alcool suivrait le même schéma.
Ben non.
Je passe les étapes. Le covid,l'après covid. Les échecs, la croyance que cet alcoolisme était finalement érable. Du sport pour compenser etc...
Le poison alcoolique fait souvent son effet lentement. Une augmentation progressive mais pas si impressionnante que ça. En 3 ans je suis passé de 1 bouteille de vin pétillant par jours, à deux, puis deux et demi, puis on passe à la vodka, parfois le Ricard, parfois le rhum.
Petite à petit. J'étais invisible, personne ou peut ne savait. Je cachais tout. Seul mon épicier voyait bien que je venais souvent.
La dégradation est lente, on survit très bien le lendemain.
Les signes qui commencent à montrer la dégradation seront les angoisses dans la phase alcoolique haute. On passe de l'euphorie à une forme de tempérament un peu véhément, on verbalise ses anxiétés, on rumine, on devient aussi un troll un peu agressif sur les réseaux sociaux puis le pire : on envoie des messages décousues aux ami(e)s, soit drôles mais trop perchés, soit des messages de frustrations à sa compagne.. et cela coutent chers.
L'
alcool exacerbe toutes les petites choses de la vie en anxiété, des petites anxiétés en forme de métastases. Je peux le dire aujourd'hui car elles ont toutes , mais toutes disparues.
C'est un dépresseur hyper puissant qui en plus vous dirige vers le sommeil quand il est au bout de vos capacités, vous dormirez. Contrairement à d'autres substances qui vous obligeront à subir des
descentes plus ou moins délicates. Lui, agit et quand il est à son max, vous tomberez dans le sommeil.
C'est une excellente addictologue qui ma parlé d'abstinence. Au moins sur un an pour pouvoir comprendre, se voir, se mesurer à cet
alcool durant toutes les fois ou vous devrez la refuser. Ce qui peut faire une cinquantaine voire une centaines d'échéances par an.
J'ai réussi grâce à deux médocs sur quatre mois, quelle joie, alors que je n'arrivais pas à passer un seul jour.
Puis j'ai fais l'erreur de reprendre me croyant plus fort que les autres... et petits à petits j'en suis arrivé au meme niveau de consommation, puis j'ai commencé à le dépasser.
J'ai compris que la modération n'était plus pour moi.
J'ai recommencé un arrêt. En essayant tout. Jus de ceci, racine de cela etc... Rien à faire.
Après un échange naze de message avec ma compagne, où j'ai failli la perdre, j'ai de nouveau repris ces médocs pour cette fois-ci accepter l'abstinence, et non l'idée de stopper l'
alcool pour ensuite reprendre modérément.
Ce qui change ? c'est que vous acceptez de ne plus pouvoir et d'avoir passer un cap de non retour. D'écouter et croire ceux qui ont choisis cette voix.
Mais le plus important : de transformer votre vie où l'
alcool ne serait plus option pour tant de chose, comme vous divertir, vous accompagner etc.
C'était choisir une autre vie, donc reformuler votre moi social. Reconstruire un rapport aussi au plaisir, à la fête.
Travailler sur l'impératif du "pour se cacher, se détendre il te faudra de l'
alcool".
Heureusement les doutes sont aussi merveilleusement rassurer par les mois qui passent et des sensations que je ne connaissais plus. Surtout au bout de 5 à 6 mois. Clarté mentale, joie naturelle, fin des anxiétés inutiles, une forme de lâcher prise agréable, de "chill", mais aussi une dynamique de soi, on est plus dans la construction de son quotidien, dans la vie perso comme au boulot.
Un plaisir de se transformer en abstinent. Au débit on hésite, on peut-être intolérant, puis on structure notre nouvelle identité et refusant l'
alcool d'abord par nécessité puis par plaisir et enfin on s'en libère et petit à petit disparaît même l'idée de ne plus pouvoir déguster un bon vin ou single malt.
Tu me diras, ouais mais parfois tu prends de la
coke. Déjà c'est très rare et je n'ai jamais été addicte (ou si peu). Ensuite je ne rejette pas les drogues mais je ne suis pas apte à l'
alcool. Ensuite La question n'est pas de condamner l'
alcool mais de découvrir qu'une vie sans et très, mais très agréable.