Misère de l'addictologie française, RDR où est

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franck32 homme
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L'alcoologie française repose sur des présupposé qui ont au moins 30 ans de retard sur l'état de la recherche internationale. Elle refuse obstinément de s'engager dans la voie de la RDR parce qu'elle remettrait en cause son principe fondateur et qui la gouverne toujours: l'alcoolique ne peut pas retrouver une consommation sans risque d'alcool et donc l'abstinence définitive est la seule solution à envisager.

Les faits et les études scientifiques qui prouvent le contraire sont balayées d'un revers de blouse blanche au nom d'une croyance qui s'exprime ainsi "Moi, les alcooliques qui ont repris une consommation modérée, je n'en connais pas." C'est surprenant parce qu'ils existent, font l'objet d'études et au passage parce que moi j'en connais.

Je suis arrivé à la conclusion que l'alcoologie française est inefficace voire dangereuse car en refusant la RDR elle conduit des alcooliques devenus abstinent à la rechute faute d'un travail sérieux sur la gestion de la re-consommation non pathologique d'alcool.

C'est d'autant plus regrettable que ce n'est le cas ni au Québec, ni en Belgique, ni en Suisse (je me limite aux régions francophones pour pouvoir fournir des liens accessibles à ceux qui ne lisent pas l'anglais).

Attention je ne dis pas que dans ces pays la démarche française (copie médicalisée et psychologisée des AA) n'existe pas, je montre simplement qu'il y existe des alternatives dont je ne connais aucun exemple en France.

Commençons par un exemple. Lorsque vous arrivez sur le site de l'Institut Universitaire sur les Dépendances, vous pouvez lire ceci (impensable en France): "Avez-vous déjà songé à moins consommer d’alcool, de drogue ou à moins jouer? Est-ce que votre entourage est préoccupé par votre comportement? Si tel est le cas, vous, ainsi que votre entourage, pouvez contacter le service d’accueil, évaluation et orientation.". Moins consommer? Je n'ai jamais entendu cela, moi petit français.
Et il ne s'agit pas d'une vague structure plus ou moins folklorique puisqu'ils accompagnent entre 7000 et 1000 personnes par ans. http://dependancemontreal.ca/programmes … toxication

On peut aussi lire aussi des choses comme "La résistance est un indice que le thérapeute ne suis pas le rythme du client". Trois idées (dans une petite phrase inconcevable en France: 1) Ce n'est pas un "patient" et donc ce n'est pas un malade; 2) Ce n'est pas à l'addict de s'adapter mais au thérapeute; Le thérapeute a pour obligation de se remettre en cause à chaque patient car ils sont tous différent.

De même je lis: "Mythes associés au changement: La résistance et le déni son des mécanismes qu'il faut confronter pour traiter la toxicomanie" ou encore "Plus l'intervenant à confronté pendant la thérapie plus le client buvait après le traitement". http://www.iusmm.ca/documents/pdf/Hopit … eau_J2.pdf

Autre exemple le professeur de l'Université du Québec, Amnon J Suissa écrit dans la revue Psychotrope " Il y a lieu également de ne pas perdre de vue que des milliers de personnes réussissent à briser le cycle de la dépendance ou à réduire leurs activités addictives, et ce, sans être étiquetées de malades à vie. Régulièrement, des citoyens arrêtent de consommer du tabac, réduisent leur consommation d’alcool, perdent du poids, créent des relations amoureuses et affectives saines, et ce, sans aucune intervention extérieure de quelque groupe ou expert.
La médicalisation associant dépendance à pathologie milite à l’encontre des potentiels humains en anesthésiant le changement et en les étiquetant de malades à vie. Ne pourrait-on pas investir plus dans les forces des réseaux familiaux et sociaux plutôt que d’accepter le verdict« une fois dépendant, toujours dépendant » (Juhnke & Hagedorn, 2006).
" https://www.cairn.info/revue-psychotrop … age-61.htm

De cet auteur on peut lire "(2007). Pourquoi l'alcoolisme n'est pas une maladie? Deuxième édition mise à jour. Éditions Fidès" ou pour ceux que cela intéresse une critique documentée des AA "(2009). Le monde des Alcooliques Anonymes. Éditions Presses Universitaires du Québec."

Sur les AA, qui ne sont pas hors sujet puisque leur finalité est la même que celle des addictologues et qu'ils interviennent dans presque tous les centres d'alcoologie on peut résumer ce que je pense avec la belle citation du Professeur Lance Dodes "Depuis près de 80 ans, nous présumons que les AA sont une bonne solution parce qu’on entend seulement les histoires de membres à qui le programme a réussi.  En réalité, le taux de succès des AA est de 5 à 8 % : environ une personne sur 15 qui entre dans le programme devient sobre et le reste pendant plus d’une année. " Critique des AA

Je pourrais développer en prenant des exemples Suisses pas exemple. La liste est longue des publication scientifiques en faveur de la RDR.

Je retire de tout mes lectures que:

- L'alcoologie française a 30 ans de retard sur l'état de la recherche.
- Elle reste figée sur une croyance "Le consommateur d'alcool dépendant n'a d'autre choix que l'abstinence totale pour faire évoluer sa consommation à risque.", en refusant obstinément que les faits démentent cette croyance et que de nombreux scientifique l'on prouvé.
- En conséquence 'addictologie française nuit à une majorité de patient à qui elle ne propose d'autre alternative que la rechute dans la dépendance s'ils n'arrivent pas à tenir cette sobriété imposée.
- L'alcoolisme n'est pas une maladie et que le fait d'en avoir fait une maladie a permis aux médecins de contrôler très largement la prise en charges des personnes ayant des problèmes avec l’alcool sans pour autant avoir de traitement médical. Je considère que la aussi cela nuit à une majorité de patient.
- L'addictologie est dans un déni. Elle souffre d'un trouble de l'émotion façe à la réalité de la science actuelle qui la conduit à des pratiques à risque avec ses patients. Je lui prescrit avec toute l'empathie dont je suis capable une thérapie cognitivo-comportementale qui devrait permettre de corriger ses pratiques et de considérer la RDR comme accessible.
Dans un premier temps elle pourrait se poser les questions suivantes. Qu'est-ce que je ressent face à un patient dépendant? Quel sont mes actions? Pouvais-je agir autrement? Quelles en auraient été les conséquence?
Rédiger une biographie historique de la discipline peut aussi permettre de mettre à jour des souffrances devant l'incapacité à atteindre ses objectifs, à communiquer avec l'autre, à trouver sa place dans la société, à lâcher prise et donc à faciliter par la suite des comportements raisonnables et atteignables.

Dernière modification par franck32 (18 août 2018 à  11:07)

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L autre Lebowski homme
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M**** alors, j'ai mon 1er rdv au CSAPA dans 2 semaines ... c'est engageant tout ça x)

"Mais tout cela ne vaut pas le poison qui découle de tes yeux, de tes yeux verts,
Lacs où mon âme tremble et se voit à l'envers..."

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Anonyme1756
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Bonjour Franck,

Je te trouve très péremptoire. Sur quoi fondes-tu tes affirmations concernant l'addictologie et l'alcoologie à la française?

S'agit-il d'une réflexion qui fait suite à ton expérience personnelle ou d'une analyse plus poussée du sujet?

Je serais bien incapable de savoir où trouver l'expression d'une philosophie unique de l'addictologie et de l'alcoologie à la française, et les preuves de sa mise en application de façon indifférenciée sur le territoire...

Faut-il regarder du côté des hôpitaux universitaires et des programmes des DU d'addictologie, du côté des publications, du côté des associations? Lesquelles seraient les plus représentatives? Les co-signataires du communiqué de presse suivant pourraient déjà constituer une piste peut-être (car où se regroupe l'addictologie française?)...

https://www.sfalcoologie.asso.fr/downlo … _02_12.pdf

Je vais encore verser dans la métaphore religieuse, mais tu comprends l'idée : où peut-on trouver le petit catéchisme de l'addictologie française qui confirmerait tes dires?

ILE
 

franck32 homme
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Bonjour ILE,

Je suis effectivement très péremptoire. C'est volontaire. C'est mettre les pieds dans le plat. Cela vient en effet de mon expérience, de l'expérience de proches (5 lieux dans le SO de la France) ainsi que de la lecture (assez approfondie je crois) de ce qui peut se publier et se lire sur le sujet.

Il n'y a effectivement pas de petit catéchisme de l'addictologie française. Les pratiques sont très diverses et pluridisciplinaires. Si on prend par exemple la psychologie (il y a presque toujours un psychologue dans un service d'addicto) on a a peu près tous les types de psychologie. Parfois la psychologie occupe une place déterminante dans les soins, parfois elle est assez périphérique.

Cette absence de normativité des pratiques est d'ailleurs en elle même un problème. Elle rend très compliquée l'évaluation des centres. Comment évaluer s'il n'y a pas un consensus sur les "bonnes pratiques". Cela donne le sentiment que l'addictologie avance en tâtonnant dans le brouillard, sans que les acteurs soient capables de se parler pour avancer ensemble et c'est d'ailleurs à mon avis la réalité.

Pour autant il y a à ma connaissances 2 éléments que l'on retrouve presque partout et que je conteste (enfin que je conteste en reprenant des publications scientifiques):

- l'abstinence qui suit la dépendance doit être définitive.
- l'alcoolisme est une maladie chronique.

Ce sont les éléments centraux qui gouvernent tous les types de pratiques. Des publications scientifiques montrent qu'ils sont faux. J'attends toujours de lire des publications (pas des incantations) qui démontrent qu'ils sont vrai.

Pour ma part je n'en ai pas trouvé, de même que je n'ai trouvé nulle part trace de centres d'addicto (où se pratique l'alcoologie c'est à dire l'immense majorité) qui ne reposent pas sur ces deux principes.

Dernière choses: pourquoi faire une fixation sur ces deux principes. Parce qu'ils empêchent une vraie démarche de RDR. Et ça c'est un très gros problème.

Je concède que mon analyse se base très largement sur l'alcoologie et que je fais peut-être une erreur en la généralisant à l'addictologie. C'est pourquoi j'ai posté dans le forum alcool.

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franck32 homme
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J'ai oublié de l'écrire.

Je ne demande qu'à être démenti. Ce serait pour moi une très bonne nouvelle.

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Blastfunk2 homme
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Salut,

J'ai eu moi aussi des "problèmes"  avec l'alcool pendant de nombreuses années, une addiction qui a conduit à un usage chronique et abusif qui a lui-même provoqué la destruction de mon foie ; celà s'est terminé par une cyrrhose OH  et par une greffe du foie.
J'ai en outre fait plusieurs centres de cure, et je dois dire que je n'y ai rencontré que très peu de personnes qui ne pensaient pas revenir sans problème à une consommation normale après la cure.
C'est la majorité, tout le monde ou presque croit que sa consommation d'alcool deviendra miraculeusement contrôlable.
Par la suite et dans la réalité,  très peu d'alcooliques parviennent à cet exploit.
On voit dès lors assez mal un représentant de l'addictologie se permettre de dire, d'une manière générale :
- " Allez-y, faites votre cure, cessez de boire pendant un mois, et après vous pourrez reprendre une consommation normale, pourquoi pas ? “.
Ce serait pour l'alcoologue se tirer une balle dans le pied, un " conseil " tout à fait anti-productif car il s'adresse à une population générale, pas à un cas particulier. C'est tout simplement difficilement imaginable en se posant la question de cette façon.

Cependant, je suis tout à fait d'accord avec toi pour convenir que le mythe de l'abstinence obligatoire est faux ; j'en suis moi-même la preuve, je peux désormais boire un verre de temps en temps, même greffé, sans que cela me provoque la moindre compulsion ou même le désir d'être ivre. L'alcool à fortes doses ou trop souvent désormais  me dégoûte. Et cela depuis plus de 5 ans.
Comme quoi, il y a bien des cas particuliers, j'en suis également convaincu.
Le mythe est faux dans son absolu et son déterminisme , dans la réalité il se vérifie trop souvent. Alors comment faire ?
Je crois que l'alcoologue aussi le sait ou devrait le savoir, mais dans le cadre de sa discipline et le peu qu'il connaît  de toi, sa seule solution reste de prôner l'abstinence qui reste pour lui et pour l'alcoolique, d'une manière GÉNÉRALE , la meilleure option thérapeutique.
C'est aussi, il est vrai, la plus simple.

Cordialement,

PS: je ne parle ici  que de l'alcool, pas des autres drogues.

Dernière modification par Blastfunk2 (19 août 2018 à  17:30)


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sud 2 france homme
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@ FRANCK 32 : Ce que tu  dis quant à l'alcoologie est très pertinent; et la plupart des addictos (85%, au moins ) ne sortent pas de ce discours de la totale abstinence, et de la maladie chronique....
@ ILE: Quand tu vois que les assos qu'on laisse intervenir dans les cures et posts cure en hopital/clinique ne sont autres que les AA/NA et autres assos prônant l'abstinence et autres (....) 12 étapes, ben on est pas loin du catéchisme qui confirmerait les dires de Franck 32....Voilà voilà

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Anonyme1756
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franck32 a écrit

J'ai oublié de l'écrire.

Je ne demande qu'à être démenti. Ce serait pour moi une très bonne nouvelle.

Ta réponse est très claire, structurée et convaincante - à partir du moment où on accorde du crédit à ton affirmation d'expertise sur le sujet.

- l'abstinence qui suit la dépendance doit être définitive.
- l'alcoolisme est une maladie chronique.

Pour y aller de mon témoignage perso.

Je n'ai jamais (encore...) eu affaire à un addictologue. Un tabacologue un jour certainement...

Le médecin généraliste que j'ai consulté après avoir reconnu chez moi des symptômes de sevrage, et donc une dependance a posteriori, et qui, s'y je me fie à son discours semble bien connaître les problèmes d'alcool, n'a jamais eu cette posture avec moi. J'en ai eu la preuve 6 mois plus tard alors qu'il confirmait  a contrario par ses questions que les médecins ne croient pas les déclarations du patient - qu'il ne faut jamais croire les déclarations du patient qui consomme de l'alcool! -, me demandant sous 3 formulations différentes quelle était ma consommation d'alcool actuelle. Une fois qu'il eût compris (ou plutôt se fut convaincu de la véracité de mes déclarations), pour lui les 2 bières que j'avais consommées le samedi précédent ce n'était absolument rien. C'était le changement de comportement qui comptait, la fin de l'alcoolisme chronique. On n'a jamais évoqué l'abstinence définitive. Toutefois c'est clair que je trouve insupportable cette posture qui vise à remettre systématiquement en cause ce que dit le patient, surtout que dans ces moments-là je me sens autant cliente que patiente.

En revanche ma gastro-entérologue qui me connaît peu et me voit en coup de vent, après un discours vraiment rassurant au vu de mes résultats d'analyse même s'il ne peut être définitif à ce stade, me glisse que je ne dois plus boire. Surprise, je précise que je ne vais pas m'interdir un verre par ci ou par là, et, sans le justifier aucunement elle me regarde avec des yeux interloqués (que je lui annonce cela ou que je la contredise?). Elle insiste, toujours sans expliquer pourquoi, quels risques je pourrais courir, de sorte que j'insiste aussi. Du coup j'ignore si elle me soupçonne d'avoir une grave maladie ou si c'est par fanatisme idéologique qu'elle a réagi ainsi. Impossible de savoir. Là je me sentais plus cliente frustrée que patiente.

Donc mon expérience est mixte, suite à une dépendance passée que j'ai moi-même diagnostiquée. L'abus ils étaient capables d'en décider tout seuls d'après mes déclarations. Mais l'abus seul n'aurait pas suffit à donner lieu au discours radical et paternaliste dont tu parles. Mais ce n'est pas propre à l'addictologie...

Une véritable alcoologie RdR devrait s'adresser à tous: à ceux qui vont consulter les médecins et addictologues, à quelque stade que ce soit, et à ceux qui n'y vont pas et pourront se gérer seul. Risque de rechute mis à part, si le risque pour la santé de consommer très modérément ou modérément tout court n'est pas pire que pour la population générale, pourquoi prôner l'abstinence?

 

sud 2 france homme
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Pourquoi prôner l'abstinence ?? parce que c'est ce qu'ils ont appris en médecine, et tu ne leur fera pas remettre en question leurs années d'études...Hormis pour quelques trop rares docteurs/addictos/alcoologues, l'abstinence est un DOGME

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BREIZH AR PEOC'H homme
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Salut..j'approuve ce que tu dit frank32..

J'ai une personne dans ma famille qui était bien alcoolique pendant bien dix ans et qui après avoir fait un gros travail sur ça personne a arrêter de boire ..mais au jour d'aujourd'hui elle ce permet de boire un verre de temps en temps sans retomber dans l'alcoolisme...je pense que cette personne a travailler sur la cause avant de travailler sur le produit...

Comme la dit sud2france ..la médecine en france est rempli de dogme...

Kentoc'h mervel eget em zaotra !

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thecheshirecat homme
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C'est étrange, je n'ai absolument pas ce ressenti, alors je suis peut être bien tombé, mais mon addicto ne m'a jamais forcé à l'abstinence ! Tout au plus à la diminution, et de façon consentie en plus.
Ça me paraît quand même problématique de généraliser en ce domaine, ça a été un vrai soulagement pour moi et faudrait pas non plus dissuader les gens de consulter si ils en ont besoin...

Foutu citron.

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sud 2 france homme
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@ thecheshirecat: tu as eu de la chance, la chance de tomber sur un des rares qui ne prone pas l'abstinenece

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prescripteur homme
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Pourquoi prôner l'abstinence ?? parce que c'est ce qu'ils ont appris en médecine, et tu ne leur fera pas remettre en question leurs années d'études...Hormis pour quelques trop rares docteurs/addictos/alcoologues, l'abstinence est un DOGME

Le problème est que quand c'est un dogme, à un moment donné, un médecin peut etre condamné pour prescription fautive s'il ne suit pas le dogme. Le médecin est censé prescrire "selon les données acquises de la science".
C'est pourquoi le combat pour faire admettre, en général, la possibilité de ne pas coller à l'abstinence permet aux médecins de prescrire ce que souhaite le consommateur en particulier.
Amicalement


S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)

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Anonyme1756
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sud 2 france a écrit

@ FRANCK 32 : Ce que tu  dis quant à l'alcoologie est très pertinent; et la plupart des addictos (85%, au moins ) ne sortent pas de ce discours de la totale abstinence, et de la maladie chronique....
@ ILE: Quand tu vois que les assos qu'on laisse intervenir dans les cures et posts cure en hopital/clinique ne sont autres que les AA/NA et autres assos prônant l'abstinence et autres (....) 12 étapes, ben on est pas loin du catéchisme qui confirmerait les dires de Franck 32....Voilà voilà

Il y a un discours qui me gêne profondément à chaque fois que je tombe dessus. C'est celui des personnes qui se présentent ainsi: "Je suis alcoolique et abstinent depuis X années, etc." ou "je suis un alcoolique abstinent". Notons que c'est surtout anglo-saxon et certainement issu des AA.

Cela me semble tellement antinomique de juxtaposer alcoolique et abstinent, sans même relever la connotation floue et péjorative du terme alcoolique. Dès lors qu'on ne consomme plus d'alcool, comment peut-on se définir uniquement par rapport à ce produit, c'est comme si on restait enchaîné à vie à l'alcool, que la moindre mention de l'alcool même des décennies plus tard faisait surgir un spectre atroce fait d'excès, d'engrenage, d'auto-destruction, qui menaçait à chaque instant de revenir sur le devant de la scène et que si l'on omettait de ne se définir que par rapport à cette vulnérabilité on se mentirait, on serait un imposteur dans le déni?

D'une part cela me semble révéler une forme de lavage de cerveau subi par la personne qui se présente ainsi , un peu comme un adepte d'une secte (il suffirait de mentionner une vulnérabilité à l'alcool, ce qui aurait le mérite de laisser entrevoir la possibilité qu'elle s'exprime sous différentes formes), et d'autre part, à moi, cela me fait le même effet mençant que lorsqu'IRL je vois une femme voilée. D'un côté l'image que me renvoie par rapport à elle et à moi-même la personne vulnérable à l'alcool qui s'est soumise à un discours culpabilisateur engendre un certain malaise, et de l'autre je ressens un malaise en tant que femme de la part de celle qui me me signifie par son accoutrement qu'elle approuve et se soumet à une idéologie mysogyne et machiste, et que de son point de vue mes moeurs sont condamnables.

Ceci dit évidemment j'entends bien que certaines personnes ont trouvé le salut chez les AA et que pour elles se revendiquer alcoolique abstinent est une forme de victoire...

 

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psychodi homme
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salut franck32

je bosse en addictologie depuis plus de 15 ans (CSAPA et autres) et je peux te garantir que ça a quand même bien évolué depuis des années...
...mais mais mais...
je suis d'accord avec toi pour constater que "le dogme" de "l'abstinence" est toujours présent chez les soignants (mot que l'on ne porte que pour les problèmes d'alcool, t'as remarqué ? on ne parle pas de "tabagique abstinent" en général...et c'est aussi un point commun avec la sexualité, dont on peut être abstinent...mais je digresse...)
...et encore : tu verrais la position des soignants qui ne bossent PAS en addictologie !! c'est encore pire, les vieilles lunes (les représentations négatives) sont solides, concernant l'alcool comme les autres drogues d'ailleurs...

" en dehors de l'abstinence, point de salut"...c'est encore très courant...héritage des mouvements de lutte contre l'alcoolisme des années 50-60 sous tendu par un héritage judéo chrétien teinté de culpabilité et de moral...la MORALE, très franco-français ça...même si l'abstinence comme seule "solution" est assez vrai pour pas mal de gens qui n'arrivent pas et/ou n'arriveront que difficilement à modérer leurs consommations (d'alcool surtout à ce que je constate) quand ces dernières ont installées une dépendance physiologique et psychique intense...

ce que j'ai remarqué, de ma petite place, c'est qu'on peut quand même maintenant PROPOSER aux gens de modérer leurs conso, ce qui avant était une hérésie en addictologie (perso, je propose ça aux usagers depuis que je bosse en addicto et je peux te dire que j'ai été regardé de travers par mes collègues les premières années, dans les années 2000 je veux dire...et maintenant, ça passe tout crème dis donc !! comme quoi il faut le temps aussi que les représentations avancent du côté soignant)

Anonyme1756 a écrit

...
Ceci dit évidemment j'entends bien que certaines personnes ont trouvé le salut chez les AA et que pour elles se revendiquer alcoolique abstinent est une forme de victoire...

pour moi, "alcoolique abstinent", c'est même presque une identité pour certains personnes...et ça leur permet de tenir l'abstinence...paradoxe qui aide...fréquent en addicto je trouve...
"c'est parce qu'ils/elles ne peuvent plus se passer de l'alcool qu'ils/elles doivent s'en abstenir"...j'avais lu ça quelque part et trouvé ça poétique..


il y a des jours étranges
il y a des jours, j'm'étrangle
Surtout...ne pas se biler sur la route...
Psychoactif ? Faut s'abonner là, vite !!

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Drim homme
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Intéressante approche. Je fait le parallèle avec la bipolarité et le cannabis, c'est une histoire d'individu. Le modèle du malade alcoolique et de l'addictologie est celui qui fonctionne pour le plus grand nombre. Le modèle du bipolaire avec un traitement a vie également, ce sont les plus sûr pour le praticien.
C'est plus facile de gérer une non consommation de cannabis qu'une conso raisonné quand on a été défoncé h24 pendant 8ans...
Sachant que comme toi je pense c'est possible (mais super dur) de trouver une consommation sans abus avec le cannabis pour moi j'imagine que ça doit être encore plus dure pour une substance plus addictive comme l'alcool.

Savoir pourquoi on a commencer a boire et comprendre que c'est destructeur et que c'est un cercle vicieux c'est déjà un bon début c'est certain. Mais ton analyse bien que juste fait fit de l'addiction chimique du cerveau, elle est réelle, puissante, piégeante.
Comme toujours ça dépend des individus et les généralités, dans l'addictologie comme dans beaucoup de domaine, ne sont que des simplification de la réalité pour permettre de mettre en place des protocoles de soins valable pour le plus grand nombre. Et le plus grand nombre et pas forcément le haut du panier quand il s’agit de capacité de remise en question et d'autonomie.
Si a toi il te parait possible de trouver cette conso raisonnable c'est très bien, il faut que tu aille dans ce sens, c'est le sens que j'ai choisit pour le cannabis et je te garantis que c'est pas une mince affaire. Après deux ans d'abstinence quasi totale, en un ans et demis j'ai repris une consommation problématique. Aujourd'hui (grace a PA en grande partie) j'ai une consos plus légère, mais c'est un combat quotidien, je dis bien quotidien pour agir comme j'ai envie et pas comme mon cerveau me le demande, je passe mon temps a faire des compromis avec mes conflits internes et cette foutu angoisse qui fait croire a mon cerveau que le cannabis est un besoin presque vital ou en tout cas un amis qui me veux du bien est que j'abandonne si je ne vais pas a lui.
J'avais aucun problème d'angoisse et mes problèmes de consos sont ma grande angoisse donc oui le cannabis ça angoisse quand on veux arrêter, problème de conflit interne. Pour la bipolarité pareil, les psy m'ont dit que je serait malade et sous traitement a vie. 8ans plus tard je suis bien content de ne pas y avoir cru et d'avoir cette démarche de me sortir du cycle patient malade.
Aucune rechutes de crises de manies depuis 2013, j'ai appris à les voir venir à 10km et a les stopper avant qu'elles ne m'emporte.

Mais parce que toi a les capacités et la motivation pour le faire, est-ce une raison pour remettre en cause tout le système qui permet d'aider des gens qui ne le peuvent pas eux-même?

             = .---.               
  =  =  _/__~0_\_       .      *
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sud 2 france homme
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AA, NA sont aussi connus pour la prédation sexuelle exercée sur les nouveaux arrivants...D'ailleurs j'ai un court moment fréquenté cette "église"; l'usage est d'y laisser son téléphone...Juste avant la troisième séance j'ai eu un message très équivoque. donc je n'y suis JAMAIS retourné. Il existe même un site FB US qui s'appelle (en anglais) Quitter les NA/AA et autres groupes prônant les 12 étapes"... C'est + que révélateur ça en dit TRES long

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franck32 homme
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Mais ton analyse bien que juste fait fit de l'addiction chimique du cerveau, elle est réelle, puissante, piégeante.

Elle n'existe pas au delà des 10 jours (maximum) du "sevrage physique". Aucune preuve de modification du cerveau qui maintienne l'addiction dans le temps. C'est comme pour la dimension génétique, des intuitions d'addictologues mais pas de preuves scientifiques. Donc rien de vrai à ce jours.

Je veux bien qu'on me démontre que je me trompe mais je croirai que c'est un mythe jusqu’à preuve du contraire.

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Anonyme1756
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J'aurais dû commencer par cela mais enfin... je suis allée voir les 12 étapes... Tombée sur le site des AA UK, une belle auto-flagellation:

Spoiler

C'est bien flippant je trouve, avec les majuscules toussa... Houellebecq aurait dit: "Soumission".

Du coup j'ai filé sur le site français pour en chercher la traduction, mais n'ai pas trouvé les 12 étapes... ce qui n'est pas très rassurant car elles sont mentionnés dans la méthode. La présentation est plus soft qu'au UK, terriblement d'ailleurs:

Spoiler

Spoiler

On a quand même un questionnaire proposé à ceux qui s'interrogent sur la pertinence des AA pour leur cas, et si l'on répond OUI à la question suivante ça renforce le profil de compatibilité:

2. Aimeriez-vous que les gens se mêlent de leurs affaires concernant votre façon de boire qu’ils cessent de vous dire quoi faire ?

Cela me fait marrer parce qu'AA se propose justement de se mêler de ces affaires-là et de dire à ses membres ce qu'il faut faire...
J'aime aussi comment ils ont détourné la question des questionnaires classiques, plutôt formulée ainsi:

Un parent, un ami, un médecin ou un autre soignant s'est-il inquiété de votre consommation d'alcool ou a-t-il suggéré que vous la réduisiez

En Belgique, où la Justice a condamné un membre du forum à une peine d'AA, on n'esquive pas, c'est plus frontal :

Spoiler

Amen!

 

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