Comme la plupart des réponses ci-dessus, je passe également au travers des mailles de ce filet immense, ramendé avec un fil de préjugés et qui tient par des nœuds d'inconscient collectif.
38 ans et demi, consommateur depuis mes 14, d'à peu près tout, avec l'
alcool en fond de tableau. J'ai la chance - en plus d'être blanc - d'avoir une certaine réserve dans mon attitude malgré mes consos parfois lourdes.
Quasi systématiquement, mon corps/esprit/whatever parvient à m'envoyer un signal clair d'arrêter pour le moment. Je ne me suis donc jamais retrouvé à 'dépasser' certaines limites. Comme de faire l'hélico-vomito dans un rade, de m'effondrer raide presque mort en milieu potentiellement hostile ou de charabia-vomir des trucs que j'aurais regrettés le lendemain. Je ne sais pas d'où me vient ce réflexe, que je qualifie comme chance, qui me permet, même dans des états où je me reconnais à peine, de parvenir à trouver un endroit
safe où dormir, après avoir réussi à enlever mes lentilles (un exploit parfois !), me brosser vaguement les dents et m'effondrer avec une sainte et vitale réserve d'eau.
Je m'éloigne un peu de l'idée du topic, mais là où je veux en venir c'est que je ne compte plus les fois où on m'a dit "Ah bon ?!? T'es bourré/fonfon/fracassé ?, on dirait vachement pas !"
Il n'y a que la
kétamine qui, passé un certain seuil, me fait perdre totalement mes capacités d'équilibre moteur et me fait me sentir pas très à l'aise en public, quand je marche comme un voilier toute voile dehors dans 45 nœuds établis. Ces conditions mettent à mal mon envie/besoin de passer inaperçu.
Je pense que ma taille a joué un rôle dans ce désir - quasi impérieux - de ne pas m'attirer plus encore les regards d'une foule parfois oppressante. Frisant les 2m, il m'est souvent pénible de déambuler dans un amas de gens, en état second ou pas. Même s'il est parfaitement logique et humain de jeter un œil à cette tête qui dépasse de la plupart des autres. Mais parfois, j'aimerais trouver un chemin souterrain pour m'éviter ces regards, que ma sensibilité/imagination rendent parfois trop pénétrants.
Je me suis toujours fringué chez "Récup" ou "Pacher", mais plus jeune, c'était un peu catastrophique. Ma taille étant associée à une silhouette "longue", c'était souvent complexe de trouver des sapes qui me recouvrent en entier, sans avoir la place d'y rajouter 4 ou 5 fois mon épaisseur. Alors avec dreads jusqu'au cul, on me taxait souvent de fumeur de
joints et d'écouteur de Reggae. Ce à quoi je répondais toujours avec un plaisir non dissimulé, que je ne consommais plus de
cannabis depuis belle lurette et que le Reggae m'a toujours emmerdé (j'ai vraiment essayé hein ! Mais ça passe pas).
Avec les années, j'ai appris à repérer de loin les rares pantalons qui me vont parfaitement tant par la taille que par la taille (L par l' j'entends). C'est rare mais c'est toujours un bonheur quand ça arrive. Ajoutons à ça des conseils bienveillants de copaines, j'ai appris à m'habiller plus discret et mes cheveux ont bien raccourci depuis le temps.
Autre chance, qui m'a sauvé de plusieurs mauvais pas, on me donne souvent 10 ans de moins, et je n'ai toujours pas l'air d'avoir développé de stigmates faciaux. Alors avec un peu de bagou (parfois désespéré), je m'en suis toujours bien sorti lors des contrôles routiers : Jamais je n'ai subi la salivette et je n'ai soufflé qu'une fois dans leur ballon de merde. Je suis d'ailleurs un des derniers détenteurs de primo-permis tout rose parmi mon entourage qui, avec les années de balade, s'avère être une denrée rare.
Cette tête de 'gentil' et mon accoutrement passe-partout m'est salutaire, surtout depuis ma sédentarisation en milieu rural il y a bientôt 4 ans. J'évite de lâcher la bride lorsque je me balade, au pire c'est en pyjama avec une canette, que je planque habilement si je croise des connaissances ou des mômes. Ben oui, il m'arrive parfois de travailler dans l'accueil et l'animation avec des petiot.e.s. Autant les gosses s'en foutent et me sautent souvent dans les bras, autant je me méfie du regard des parents et ça, difficile de leur en vouloir.
Autre aspect/avantage de mon côté passe-partout (aucune réf. à ce
héros de Fort-Boyard, évidemment) c'est lorsque je fais de nouvelles rencontres en saison ou en milieu festif. Je me sens très vite jaugé par pas mal de fêtards, keupons et autres personnages qui s'affirment bien plus que moi, tant par la dégaine que l'attitude. Mais très rapidement, quand je m'installe et qu'on commence à causer, le regard change avec étonnement et je suis bien vite 'accepté' en tant que compagnon UD. Et c'est toujours agréable que de faire de nouvelles rencontres qui s'avèrent parfois passionnantes.
Dernier point, et non des moindres, mes multi-faces me permettent de ne pas trop inquiéter la famille. Bien qu'essayant d'être de plus en plus transparent, à prendre parfois la défense d'une substance ou d'usager.e.s, je me suis toujours retenu d'évoquer mes consommations, à part avec quelques vagues allusions à un passé lointain d'expérimentation, que je mets sur le compte de ma curiosité. Même si j'aimerais en parler librement, j'ai toujours choisi de leur épargner ce "détail" de ma vie. Car même si je suis persuadé que ça ne causera pas de changement radical dans les relations avec, par exemple, mes parents, je sais que ça leur causera de grosses inquiétudes, ou même de la peur pour mon bien-être.
Voilà ma petite contribution à cette question passionnante. J'espère ne pas avoir eu l'air prétentieux en explicitant la chance que j'ai jusqu'à aujourd'hui de me permettre cette double vie. C'est une simple prise de conscience que le jeu n'est pas le même pour toutes et tous. Et sur celui-ci, je m'en tire bien, pas vrai ?
Dernière modification par psyr (16 septembre 2025 à 09:30)