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1. La tête dans un site actif : Le LSD couplé à son récepteur 5HT2B 



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Ça fait un moment que je furète sur le forum. J'aimerais sortir de l'ombre et partager ma passion.

Je fais de la bioinformatique, et mon travail, c'est de comprendre comment la biologie fonctionne au niveau atomique, moléculaire. Comprendre les mécanismes d'horlogeries qui sous-tendent l'action des neurotransmetteurs, des drogues, des récepteurs.

J'adore mon sujet de travail, parce que c'est visuel. On peut arriver à modéliser comment un récepteur bouge, respire. On peut voir comment se comporte une drogue. On peut tenter de prédire son affinité avec sa protéine. Tout ça, à une échelle du dixième de nanomètre, à la taille atomique.

Honnêtement je ne sais pas par où commencer. Il y a plusieurs prérequis à connaître si l'on veut bien comprendre ce qui se passe. Et la vulgarisation, c'est un exercice nouveau pour moi. Mais ça fait plusieurs mois que je suis bloqué à y penser sans passer du tout à l'action. Donc je me lance, à l'arrache, comme ça vient. Ça va être surement brouillon, mais j'espère que ça intéressera certains, et je serai plus qu'heureux d'essayer de répondre aux questions et interrogations (si possible en réponse à ce fil, comme je n'ai pas accès aux MPs).

Du coup pour commencer, j'aimerais vous parler dope, vous parler LSD précisément. Vous montrer là où il se lie réellement, et vous expliquer les bases pour comprendre ce GIF que vous avez vu en début de post.

Je commence par là parce qu'on a la chance d'avoir une structure expérimentale du LSD couplé à son récepteur sérotoninergique (5HT2B) qui est sortie assez récemment, en 2016.

Déjà, il y a plusieurs trucs que je soulève dans le paragraphe précédent qui méritent des précisions. Pour la faire simple, les cellules de notre corps ont besoin de machines pour effectuer leurs fonctions. Les plans de ces machines sont contenues dans l'ADN (localisé dans le noyau de toutes nos cellules). Lorsqu'une cellule a besoin de produire un type de machine, par exemple un récepteur sérotoninergique, elle va aller chercher l'information du gène en question. L'alphabet à 4 lettres (ou nucléotides) de l'ADN va alors servir à spécifier aux protéines de construction quelles briques utiliser pour former le récepteur. Il existe 20 briques de construction différentes, ça s'appelle des acides aminés. Chacune de ses briques partage une base commune avec les autres, mais a des propriétés propres. Avec 20 briques différentes, toutes les cellules vivantes peuvent construire toutes les machines dont elles ont besoin.

On passe donc d'un gène (séquences composées de 4 nucléotides) au niveau de l'ADN, à une protéine (séquence composée de 20 acides aminés).
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À l'heure actuelle, on connaît tous les gènes du génome humain. On connaît toutes les séquences des protéines humaines. Ce qui nous manque, l'information cruciale, c'est de savoir la forme que prend une séquence d'acide aminé constituant une protéine dans l'espace.

Car même si l'information de la forme finale de la protéine est contenue dans la séquence, c'est cette forme finale qui est importante dans la fonction. Chauffer votre récepteur 5HT2B à 50°C, détruisez sa forme bien agencée dans l'espace montrée dans l'image ci-dessous, et votre récepteur ne sert plus à rien.

Voici la forme que prend le récepteur 5HT2B dans l'espace. La structure 3D que vous pouvez voir, a été obtenue avec une forme extrêmement développée de microscopie (cryo-microscopie électronique pour être précis). Une fois qu'on a la structure d'un récepteur, ça ouvre la porte à une compréhension fine des rouages qui le font fonctionner. Ça facilite la conception rationnelle de molécules qui peuvent le bloquer ou l'activer, parfait pour découvrir de nouveaux médicaments.

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L'image de gauche est la représentation "tout atome" du récepteur, avec les atomes de carbone en vert, les azotes en bleue, les oxygènes en rouge, les soufres en jaune (et on peut voir le LSD coloré en magenta, on s'approche).

Les chercheurs ont identifié de façon précise la position de tous les atomes du récepteur grâce à leur microscope, mais pour le visualiser, on préfère des représentations plus simplifiées comme vous pouvez voir à droite de l'image. Dans cette représentation, on omet les atomes, et on ne montre que les structures secondaires que prend la protéine. De manière naturelle, une chaine de protéine peut soit être désordonnée, soit former des structures assez stables, comme des hélices ou des feuillets (qui s'appellent des structures secondaires par rapport à la structure primaire non ordonnée de la séquence). Ici on peut voir que le 5HT2B forme plusieurs hélices (7 en tout), typique des récepteurs couplés aux protéines G (tel que les récepteurs à la dopamine, adrénaline, etc...).

Le 5HT2B (comme tous les GPCRs), est un récepteur membranaire. C'est-à-dire qu'il faut l'imaginer enchâssé dans la membrane à la surface d'un neurone sérotoninergique, comme symbolisé dans l'image (ci-dessous).

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Le LSD, ou plus naturellement la sérotonine, vont pénétrer de l'extérieur du neurone et venir se lier dans une zone prévue à cet effet, appelé le site actif du récepteur. Le LSD va alors changer de façon subtile l'agencement des résidus dans le site actif, ce qui va créer une réaction en chaine, des remaniements dans la structure du récepteur et qui in fine, vont conduire à lancer une cascade de signalisation à l'intérieur de la cellule.

Mais pour aujourd'hui, on va juste zoomer au niveau du site actif du 5HT2B pour voir. Il existe des logiciels de visualisation qui permettent de se mouvoir dans le récepteur, de masquer ou d'afficher différentes parties du système qu'on observe pour y voir plus clair. Dans l'image et GIF ci-dessous, on ne voit plus la structure secondaire du récepteur. Seuls les acides-aminés en contact avec le LSD sont affichés. Les lignes en pointillées symbolisent les interactions que fait le LSD avec les acides aminés du site actif. Elles sont de différents types, mais pour la faire courte pour le moment, je ne parlerai que de celle qui est la plus typique dans cette classe de récepteur (l'interaction en pointillés jaunes si vous arrivez à la voir). On retrouve un acide aminé chargé négativement, qui interagit avec le LSD par sa partie amine chargée positivement. C'est le même mécanisme d'attraction qu'auraient 2 aimants.

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Ce résidu (cet acide aminé) chargé négativement est retrouvé chez tous les GPCRs dits "aminergiques" (une grosse partie des drogues et médicaments ciblent cette famille de récepteurs), au même endroit. C'est le reste du site actif qui change de façon subtile et donc favorise la liaison de la sérotonine par les récepteurs sérotoninergiques, dopamine pour les dopaminergiques, etc... Cependant, suivant la concentration en agoniste, comme les sites actifs restent très proches, on peut activer un récepteur dopaminergique avec de l'adrénaline et inversement.

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J'arrête là pour aujourd'hui.

Dernière modification par g-rusalem (12 février 2022 à  17:53)

Catégorie : Expérimental - 12 février 2022 à  11:49

#LSD #sérotonine #bioinformatique #pharmacologie #vulgarisation

Reputation de ce commentaire
 
Trop complexe pour moi mais ça reste super interessant
 
Merci! MG ~
 
Clair
 
Très intéressant et bien introduit !
 
De la bombe. Psilo
 
Passionnant !
 
Merci beaucoup ! Ça vend du rêve la bioinformatique quand même ! - Zed41
 
Texte mis dans les morceaux choisis de Psychoactif. (pierre)
 
Merci de nous donner accès à ces infos en français, tu assures !! - YmetroB
 
Approuvé par un neuropsy. Passionnant et tu sembles prometteur. ~ Serrah



Commentaires
#1 Posté par : SubuMan 12 février 2022 à  12:32
Déjà on peut observer la présence caractéristique de cycle aromatique dans cette molécule elle possède aussi une instabilité du a ces groupe partant je suppose que ces une molécule complexe avec ces simple information et une recherche Google on peut déjà trouver aisément mes je vais laisser d'autre personne chercher au talent ces un jeux intéressant je dirais juste quelle et a la fois très connue et pourtant a la fois obscure

 
#2 Posté par : g-rusalem 12 février 2022 à  13:24
Désolé subu man je faisais des tests pour voir si je pouvais modifier un billet de blog après l'avoir posté. Je compte expliquer de façon visuelle plusieurs trucs de chimie et de biologie. Par exemple "comment le LSD active un récepteur sérotoninergique, au niveau structurel, au niveau des interactions qu'il fait". Mais il faut quelques pré-requis. Je réfléchis à comment faire ça. Peut être de multiples petits billets de blogs des pré-réquis.

Et aussi j'ai peu de temps à y consacrer, mais je pense que ça plairai à a certain ici de voir par images (voir même par vidéos) comment ça se passe au niveau atomique.

 
#3 Posté par : anonyme784532 12 février 2022 à  15:10
J'y comprends franchement rien mais c'est beau le graphique en 3D :p

 
#4 Posté par : Mychkine 13 février 2022 à  09:05
Super initiative, tes explications sont claires et précises, et ton texte est agréable a lire. Je te remercie et espere que le reste a venir sera d'aussi bonne qualité !

Pour les connaissances préliminaires, il existe d'excellentes chaines de vulgarisation sur youtube, peut-etre que certaines d'entre elles pourront faire office de support a ton exposé.

Je me souviens en particulier d'une vidéo de vulgarisation, partant des bases et destinée au grand public, traitant du repliement des protéines et qui constitue a mon avis un bon complément a ton présent billet.


 
#5 Posté par : g-rusalem 13 février 2022 à  10:35

J'y comprends franchement rien mais c'est beau le graphique en 3D :p

Hahaha en espérant qu'avec le texte explicatif qui va avec tu comprendras tout de même 2/3 trucs. Et oui moi aussi je trouve ça beau. wink Attends de voir quand je trouverai le moyen de montrer des dynamiques moléculaires.

Mychkine a écrit

Super initiative, tes explications sont claires et précises, et ton texte est agréable a lire. Je te remercie et espere que le reste a venir sera d'aussi bonne qualité !

Pour les connaissances préliminaires, il existe d'excellentes chaines de vulgarisation sur youtube, peut-etre que certaines d'entre elles pourront faire office de support a ton exposé.

Je me souviens en particulier d'une vidéo de vulgarisation, partant des bases et destinée au grand public, traitant du repliement des protéines et qui constitue a mon avis un bon complément a ton présent billet.

https://www.youtube.com/watch?v=OGewxRMME8o

Merci pour ton retour. Oui je vais essayer de trouver différentes questions auquel on peut tenter de répondre. Par exemple la suite logique de ce petit début, je ne sais pas s'il y a eut des articles qui prouvent que le 1P-LSD est métabolisé en LSD avant de pouvoir se lier aux récepteurs, mais en regardant le site actif, ne serai-ce qu'en regardant la taille que prend le groupement 1P dans le site actif, on peut peut-être en conclure que oui, le 1P-LSD est une prodrug. Ça me donnera l'occasion d'être plus précis sur les différents types d'interactions que fait un médicament avec ce qu'on appelle son "ligand". J'ai commencé vaguement hier, mais ça faisait beaucoup en un coup. 

Et pour la vidéo, effectivement elle est parfaite ! C'est super instructif pour moi, il part de la base, explique tout de façon claire. Et effectivement, c'est super à propos, car justement AlphaFold2 c'est une révolution dans le champ de la bioinformatique. On essaye de s'amuser avec pour voir les possibilités, et il y a des trucs vraiment cools. Ils se sont rendu compte qu'en plus d'être hyper performants pour prédire une structure à partir d'une séquence, le modèle pouvait aussi prédire aussi bien ou mieux l'interaction entre un complexe de protéine que les méthodes actuelles, alors qu'ils n'avaient pas entrainé le modèle pour ça ! Il y a aussi bien-sûr des limitations, mais c'est exactement comme il décrit le truc dans la vidéo. Des équipes planchent sur ce problème depuis les années 60, puis Google débarque, avec des informaticiens qui connaissent peu le problème et ... ils plient tout le monde big_smile


 
#6 Posté par : Norhydex 16 février 2022 à  13:43
EDIT : j'oubliai merci pour l'initiative j'apprends plein de truc !

Oh my god je crois qu'on va vite devenir ami, je suis passionné par la relation structure-activité des psychotropes et la prédiction de nouvelles molécules de recherche ! J'utilise JSmol et mon domaine de profession est orienté psycholeptique (opioïde, benzodiazépine et apparentés).

Notamment en ce moment "Dans cette synthèse, nous décrivons la structure tridimensionnelle des mu-OR et delta-OR, et discutons ce que nous enseignent ces structures sur les mécanismes moléculaires de la reconnaissance des récepteurs OR par les ligands morphiniques antagonistes. Nous décrivons notamment l’organisation structurale des domaines extracellulaires à l’origine de la sélectivité de liaison des opiacés. "

Si cela t'intéresse :

Sébastien  Granier
Med Sci (Paris) 28 (10) 870-875 (2012)
DOI: 10.1051/medsci/20122810016

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#7 Posté par : g-rusalem 19 février 2022 à  12:43

EDIT : j'oubliai merci pour l'initiative j'apprends plein de truc !

Oh my god je crois qu'on va vite devenir ami, je suis passionné par la relation structure-activité des psychotropes et la prédiction de nouvelles molécules de recherche ! J'utilise JSmol et mon domaine de profession est orienté psycholeptique (opioïde, benzodiazépine et apparentés).

Notamment en ce moment "Dans cette synthèse, nous décrivons la structure tridimensionnelle des mu-OR et delta-OR, et discutons ce que nous enseignent ces structures sur les mécanismes moléculaires de la reconnaissance des récepteurs OR par les ligands morphiniques antagonistes. Nous décrivons notamment l’organisation structurale des domaines extracellulaires à l’origine de la sélectivité de liaison des opiacés. "

Si cela t'intéresse :

Sébastien  Granier
Med Sci (Paris) 28 (10) 870-875 (2012)
DOI: 10.1051/medsci/20122810016

Salut Norhydex ! Je n'ai pas compris si tu étais Sébastien (si c'est le cas il faut peut-être faire gaffe à donner son identité sur un forum tel que celui-ci) ou si tu partageais un de ses papiers, en tout cas merci pour ton retour !

Effectivement on est passionné par la même chose ! Et les récepteurs opiacés sont très intéressants. J'ai vu tes quelques blogs et comme je ne suis pas super affuté niveau chimie, ils sont complémentaires avec le mien et ceux que je projette de faire :) Au plaisir de te lire !


 
#8 Posté par : Todash 19 février 2022 à  19:29
Quel sujet fascinant, c'est fou !

J'ai tellement de question bête à poser haha, du genre :
Que se passe-t-il une fois la molécule accrochée au récepteur ? Elle se fait "consommer" ou c'est tout le récepteur qui fini par se "désagréger" ?

Concernant le deep learning et les progrès récents, je continu de penser que si l'humanité arrêtait de miner des monnaies virtuels pour s'enrichir on aurait une puissance de calcul colossale pour faire avancer la science...

 
#9 Posté par : anonyme784532 19 février 2022 à  20:34
Hélas, c'est effectivement l'argent qui domine le monde et si il y a tant de mineur et de spéculation autour des cryptos c'est bien parce qu'il y a de l'argent à se faire.

J'y comprends rien de chez rien (jargon scientifique c'est a mille lieu de mes connaissances ) mais c'est néanmoins intéressant pour le peu qui me parle,

 
#10 Posté par : g-rusalem 19 février 2022 à  22:16

Todash a écrit

Quel sujet fascinant, c'est fou !

J'ai tellement de question bête à poser haha, du genre :
Que se passe-t-il une fois la molécule accrochée au récepteur ? Elle se fait "consommer" ou c'est tout le récepteur qui fini par se "désagréger" ?

Peut-être qu'il existe parfois certaines questions bêtes, mais celles-là n'en font pas partie loin de là ! Je te propose d'y répondre par un billet précis dès que j'ai le temps, avec vidéo de dynamique moléculaire à l'appui, il y a beaucoup à en dire.

En fait ta question, c'est : "Comment le récepteur transmet l'information à l'intérieur de la cellule, une fois qu'il a reçu le ligand". Quand je parle de ligand, c'est toute molécule qui se lie au récepteur. La réponse rapide, le ligand ne désagrège pas le récepteur. Le ligand dans le cas d'une molécule agoniste (qui active le récepteur) change la conformation des acides aminés du site actif, ce qui créé un réarrangement des hélices du récepteur. La protéine G intracellulaire peut alors interagir (côté intérieur du neurone) avec le bas du récepteur et être activée. Mais patiente un petit peu et j'explique ça en détail avec des images et des GIFs wink

Concernant le deep learning et les progrès récents, je continu de penser que si l'humanité arrêtait de miner des monnaies virtuels pour s'enrichir on aurait une puissance de calcul colossale pour faire avancer la science...

Je pense que la technologie des cryptomonnaies n'est pas mauvaise en soi, c'est comme tout, c'est un outil qui peut être utilisé à des mauvaises fins, pour s'enrichir. Mais on peut en faire des utilisations bien plus nobles, par exemple commander des armes, des cartes de crédit ou de la pure came depuis chez soi ! big_smile 

J'y comprends rien de chez rien (jargon scientifique c'est a mille lieu de mes connaissances ) mais c'est néanmoins intéressant pour le peu qui me parle,

Merci pour ton retour. Et heureux que ça te parle au moins un petit peu, je prends ça comme une victoire.


 
#11 Posté par : Cabaretvert 08 juin 2022 à  17:24

Salut à toi ! Ca fait un petit moment que je te suis, je trouve ca vraiment cool ce que tu fais, en plus tu mets le curseur au bon endroit quand tu décris tout ca(à la limite justement de la vulgarisation wink  bref chapeau

Je savais pas vraiment quoi te poser comme question, ce n'est pas du tout mon domaine, même si la notion de questions réponses récurrentes dans la "chimie du corps" m'intrigue. D'ailleurs j'ai du mal à voir la séparation chimie/biologie dans le corps humain ? bref

Comment se concrétise, la sensation de voir les effets ressentis s'amoindrir après plusieurs prises successives d'un même prod ?

Pourquoi l'excitation psycho vécu par le monsieur ou la madame semble moins intense après plusieurs prises ?
Est ce qu'elle mobilise plusieurs échelons (transmetteurs, recepteurs, intracellulaire) ou c'est plus ciblé ? C'est un phénomène qu'on peut quantifier ?

Ah oui et si c'est une baisse d'activité des transmetteurs récepteurs par exemple, dans quelle mesure c'est comparable au vieillissement du corps ?
Lui agit sur un temps beaucoup plus long (lent?) et peut être pas sur les mêmes régions...


J'espère que je pose pas une question trop barré, alors si le cœur t'en dit, n’hésites pas à en dire plus !

Dans mon cas, c'est de coke base, surement chaque type de produit a son propre fonctionnement en plus, mais ya bien géneralité qui s'appliquerait pour tout ca :)


Tarplu !




Anonyme813 a écrit

Quand je parle de ligand, c'est toute molécule qui se lie au récepteur. La réponse rapide, le ligand ne désagrège pas le récepteur. Le ligand dans le cas d'une molécule agoniste (qui active le récepteur) change la conformation des acides aminés du site actif, ce qui créé un réarrangement des hélices du récepteur

Anonyme813 a écrit

es mécanismes d'horlogeries qui sous-tendent l'action des neurotransmetteurs, des drogues, des récepteurs.


 
#12 Posté par : g-rusalem 08 juin 2022 à  18:40

Todash a écrit

Quel sujet fascinant, c'est fou !

J'ai tellement de question bête à poser haha, du genre :
Que se passe-t-il une fois la molécule accrochée au récepteur ? Elle se fait "consommer" ou c'est tout le récepteur qui fini par se "désagréger" ?

Concernant le deep learning et les progrès récents, je continu de penser que si l'humanité arrêtait de miner des monnaies virtuels pour s'enrichir on aurait une puissance de calcul colossale pour faire avancer la science...

Juste pour te dire que tu as un début à ta réponse dans mon billet numéro 6 ici. Pas encore de la dynamique moléculaire, pas encore eu le temps mais j'ai pas oublié, ça sera fait cet été.



Salut à toi ! Ca fait un petit moment que je te suis, je trouve ca vraiment cool ce que tu fais, en plus tu mets le curseur au bon endroit quand tu décris tout ca(à la limite justement de la vulgarisation wink  bref chapeau

Ca c'est un sacré compliment, merci. wink Je fais ça car ça me permet de réviser mes bases, ça me fait vachement plaisir les retours, et je pense que c'est vraiment nécessaire pour la RdR d'apporter des informations précises. Je suis pas vraiment expert outre la modéilsation moléculaire, mais ma formation m'apprends à aller chercher les infos et donc je peux apprendre tout en transmettant ça c'est cool. Je veux pas créer de polémiques, mais certains s'érigent en experts et balancent de la désinformation à tout va, c'est aussi ça qui m'a motivé à commencer à écrire le blog.



Je savais pas vraiment quoi te poser comme question, ce n'est pas du tout mon domaine, même si la notion de questions réponses récurrentes dans la "chimie du corps" m'intrigue. D'ailleurs j'ai du mal à voir la séparation chimie/biologie dans le corps humain ? bref

En fait y'a pas vraiment de séparation à faire, la biologie à pour base la chimie (c'est pour ça que la séparation naturel et chimique n'as pas vraiment de sens). Mais la chimie du vivant est très particulière, on peut opposer chimie organique (du vivant, basé sur le carbone), des autres types de chimies (minérales, inorganiques). C'est pas du tout le même type de réaction, c'est très élégant ce que fait le vivant. Pas besoin d'être en condition extrêmes, de chauffer à 200°C tes composés pour avoir ta réaction, ni mettre une pression de 50 atmosphères ou être en milieu hyper acide ou basique. Rien de tout ça, conditions très douces mais présence de catalyseurs (ces machines protéiques qu'on produit tous). C'est une danse extrêmement complexe ou tout est réglé comme du papier à musique. Bon bien-sûr ça peut se mettre à bugguer...



Comment se concrétise, la sensation de voir les effets ressentis s'amoindrir après plusieurs prises successives d'un même prod ?

Il faudrait que je creuse plus car c'est très intéressant, mais de ce que j'en sais, c'est qu'il y a l'aspect mental "découverte". La première fois que tu fais quelque chose, c'est toujours nouveau et cool. La 1000ième ça l'est moins, même si les sensations sont très intenses. Je dit "mental" car j'ai pas l'explication neurologique, mais il doit y en avoir une.

Et à côté de ça il y a les mécanismes de la tolérance, et là ça se passe à plusieurs niveaux. La première réaction de ton corps face à un déséquilibre, c'est de retrouver son homéostasie (son état d'équilibre justement).

Le moyen le plus rapide se produit au niveau du neurone en question. Ton neurone est baigné de neurotransmetteur, ses récepteurs sont tous actifs, il n'arrête pas de décharger. A ce moment son réflexe est de faire rentrer les récepteurs à l'intérieur, comme ça les molécules à l'extérieur ne peuvent plus l'activer. C'est l'internalisation des récepteurs. Si tu arrête la consommation pendant une bonne période, les récepteurs vont revenir au niveau de la membrane.

Si la stimulation est continue et/ou répétée dans le temps, alors le neurone peut commencer à produire des protéines qui inhibent l'expression des récepteurs. Ca se passe au niveau de l'ADN. Le neurone ne va plus produire la même quantité de récepteurs, et donc il sera moins activable. C'est une réaction qui est bien plus durable dans le temps.

Mais il peut se produire d'autres changements outre le niveau récepteur. Au niveau du foie par exemple. Le corps s'habitue à recevoir plein de molécules d'un certain type, et donc il va se mettre à métaboliser plus d'enzymes pour dégrader les molécules que tu lui balance. Et donc au niveau ressenti, il sera fortement diminué car ton corps est armé pour métaboliser de façon très efficace le toxique en question.

C'est un peu les explications qui me viennent là, mais ça doit être surement infiniment plus complexe, et produit dépendant.



Ah oui et si c'est une baisse d'activité des transmetteurs récepteurs par exemple, dans quelle mesure c'est comparable au vieillissement du corps ?
Lui agit sur un temps beaucoup plus long (lent?) et peut être pas sur les mêmes régions...

Au niveau du vieillisement du corps, je ne m'y connais pas trop. Mais je sais que lorsque tu vieilli, tu produit moins de certaines hormones (DHEA, testostérone, hormone de croissance, etc.). Les hormones ont un impact profond sur ton équilibre de neurotransmetteurs. Il y a d'ailleurs une grande quantité d'hormones qui sont appellées des neurostéroïdes, car en plus d'agir sur toutes tes cellules au niveau de l'expression des gènes (donc au niveau du noyau cellulaire), elles agissent aussi directement sur des récepteurs membranaires de surface tel que les récepteurs dopaminergiques (testostérone, cortisol, DHT...) ou GABAergiques dans le système nerveux central. Une grande partie des drogues modifient la quantité d'hormones que tu produit, et inversement une modification de ton taux d'hormone à cause du vieillissement va changer ta réponse aux drogues.

Je suis encore en train d'essayer de comprendre toute cette danse (est-ce que je la comprendrais totalement un jour d'ailleurs ? J'en doute) des hormones qui sont toujours présentes en tâche de fond mais que l'on ne considère jamais lorsqu'on parle de telle drogue qui active la dopamine, la sérotonine ou autre.


 
#13 Posté par : Cabaretvert 08 juin 2022 à  21:04

Anonyme813 a écrit

Je suis encore en train d'essayer de comprendre toute cette danse (est-ce que je la comprendrais totalement un jour d'ailleurs ? J'en doute) des hormones qui sont toujours présentes en tâche de fond mais que l'on ne considère jamais lorsqu'on parle de telle drogue qui active la dopamine, la sérotonine ou autre

Cool ta réponse sur le tas, ca donne déjà à reflechir wink

Alala je vais pas me lancer dans le philo ce soir pasque que ce serait un peu HS mais beaucoup de point de reflexion sur ce sujet, mais juste le cheminement qui me
Donc comment j'en suis venu à cette question
Je n'ai aucune connaissance si ce n'est d'avoir somnolé un cours sur deux de bio au lycée et d'avoir fumer du sulfate de cuivre pentahydraté à l'inter cours ahah

Mais on dit bien qu'en Chimie rien ne se perd ?

La réaction spontané qu'aura un nouveau né en se séparant de la mère la première fois pouvait être un indicateur. Elle a un caractère spontané, inédit et denué de toute influences "sociales". Voila pourquoi je pense que la reaction chimique à ce moment là est intéressante car "neutre"

Qu'est ce que ca indique par contre j'en sais rien, mais de l'information circule.

En arrière plan, ya le principe de mémoire qui opère (tout laisse une trace quelque part si rien ne se perd) et le stockage de l'information laissé par un souvenir.

La par exemple tu parles des ligands pour le transfer d'info, j'attendrais ta réponse là dessus, là je pars trop loin pour être clair ce soir, merci à toi ! Je continuerais ma réponse plus tard

EDIT :

Anonyme813 a écrit

Mais la chimie du vivant est très particulière, on peut opposer chimie organique (du vivant, basé sur le carbone), des autres types de chimies (minérales, inorganiques). C'est pas du tout le même type de réaction, c'est très élégant ce que fait le vivant. Pas besoin d'être en condition extrêmes, de chauffer à 200°C tes composés pour avoir ta réaction,

Ouai on peut considérer que notre fonctionnement est en quelque sorte un gros bordel que notre organisme se charge de réorganiser pour nous permettre la vie...

Et si nous pouvons expliquer certains aspects, il est pour l'instant impossible de concevoir la vie dans sa globalité, sa résurgence est une des variables qui nous échappe je pense. Car en réalité, nous ne créons rien, comme pour la chimie tout se transforme. Ce que nous développons, les innovations, le concret matériel autant que les idées au sens philosophique sont une question ou une réponse à quelque chose d'autres. C'est la séparation qui nous permet d'assimiler un concept ou une chose. Nous ne concevons pas l'unité car nous n'en avons pas les capacités. Contrairement au "Verbe".

Je suis à la fois fasciné et donc intéressé par toutes les connaissances et le savoir technique que nous développons mais terriblement désabusé de voir qu'une partie de la recherche scientifique croit réinventer la poudre et l'orgueil démesuré avec lequel elle voudrait expliquer certains aspects.

Mais un complément sur ma question par rapport au vieillissement ( même si tu dis pas trop maitriser le sujet wink  :

Si on prend le cas de l'ouïe, on sait que son vieillissement a un caractère irréversible et s'explique en partie par la diminution ou l'endommagement des cellules ciliés de l'oreille.

Bon et bien qu'est ce qui va différencier un des cinq sens de la "sensation" ressenti par le chamboulement des hormones et des neurostéroïdes




Anonyme813 a écrit

es hormones ont un impact profond sur ton équilibre de neurotransmetteurs. Il y a d'ailleurs une grande quantité d'hormones qui sont appellées des neurostéroïdes, car en plus d'agir sur toutes tes cellules au niveau de l'expression des gènes (donc au niveau du noyau cellulaire), elles agissent aussi directement sur des récepteurs membranaires de surface tel que les récepteurs dopaminergiques (testostérone, cortisol, DHT...) ou GABAergiques dans le système nerveux central. Une grande partie des drogues modifient la quantité d'hormones que tu produi

Dernière modification par Cabaretvert (08 juin 2022 à  21:27)


 
#14 Posté par : oazis 11 juin 2022 à  20:11
ça fait plaisir de lire des articles bien informés et bien présentés comme celui ci. même si je suis loin de bien comprendre, je vois mieux comment par sa configuration spatiale une molécule peut chambouler notre appareil cognitif. Un jeu de construction si complexe qu'il permet de faire le lien entre une molécule et la conscience.

 
#15 Posté par : g-rusalem 13 juin 2022 à  19:08

La par exemple tu parles des ligands pour le transfer d'info, j'attendrais ta réponse là dessus, là je pars trop loin pour être clair ce soir, merci à toi ! Je continuerais ma réponse plus tard

Je pense que mon billet 7 est une bonne réponse à cette question, pour que ça soit plus clair pour toi, comment se transmet l'information à partir d'un signal chimique, tout comme ta question d'après sur l'ouïe et le vieillissement.

J'ajoute juste qu'effectivement pour l'ouïe, les cellules ciliées, les neurones spécialisées pour reconnaître des vibrations sonores ne se régénèrent pas. Leur nombre est fixe et plus tu avances en âge, moins tu en as. Curieusement, c'est pas le cas des neurones olfactifs qui se régénèrent tous les 30 jours environ. Cependant, avec l'âge, il y a aussi une baisse assez significative de la perception olfactive.

ça fait plaisir de lire des articles bien informés et bien présentés comme celui ci. même si je suis loin de bien comprendre, je vois mieux comment par sa configuration spatiale une molécule peut chambouler notre appareil cognitif. Un jeu de construction si complexe qu'il permet de faire le lien entre une molécule et la conscience.

Merci ça me fait vachement plaisir. Effectivement, tu as compris le message principal ! Pour ce qui est de la dernière étape, faire le lien entre la chimie du cerveau et la conscience, c'est un peu ce qui m'intéresse à la base. Mais honnêtement, je n'ai pas encore trouvé de réponse satisfaisante. Si on regarde uniquement le côté biologique et chimique, c'est simple, nous ne sommes que des machines extrêmement complexes et façonnés par l'évolution. Mais si on regarde le côté psychique, il y a des choses difficilement explicables avec un point de vue matérialiste (comme l'inconscient collectif ou notre capacité à générer de l'information qui a l'air sortie de nulle part sous psychédélique). Du coup, j'attends avant de conclure qu'on n'est que des machines sans âme haha.


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